Pilar (Carmen Maura) est veuve, la soixantaine pimpante. Au début du film, en vendant un terrain, elle dispose de son dernier lien avec son pays d'origine, l'Espagne. Elle a d'ailleurs fait depuis longtemps sa vie en France, avec ses trois filles. Elle veut présenter aux deux qui vivent auprès d'elle son "fiancé" (André Dussolier), le gérant de son immeuble, lui aussi veuf. Les "chicas" présentes, Aurelia (Valérie Dréville), comédienne de théâtre talentueuse mais à la renommée confidentielle, et Nuria (Emmanuelle Seigner), actrice de cinéma réputée (elle reçoit un "Bafta" britannique et fait la couverture de "Vogue") ont, chacune dans son genre, une forte personnalité, et la rencontre avec l'élu de Pilar est orageuse. De son côté, la troisième "chica", Christal (Christelle Tual), elle aussi à la riche personnalité, exilée avec mari et enfants à Toulouse, est à nouveau enceinte, et peut-être de Patrick, son amant, et non d'Anibal, son mari.
Yasmina Reza confirme son talent avec ce passage au cinéma - elle est à la fois scénariste, dialoguiste et réalisatrice de ce "Chicas" (trois soeurs... comment ne pas penser à Tchékhov ?) plutôt réussi. Cette réussite est due au choix judicieux des interprètes (aux précités, il faut ajouter le toujours savoureux Bouli Lanners), et bien sûr aux dialogues ciselés par la femme de théâtre (s'offrant au passage le plaisir, avec le beau personnage d'Aurelia, d'une réflexion sur la dramaturgie) qui sont pour beaucoup dans l'intérêt de ce portrait de groupe - mère, filles et compagnons...