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Romain Z
13 abonnés
246 critiques
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3,0
Publiée le 9 juin 2022
Monica Vitti n'a pas toujours été la muse d'Antonioni qui pour ses deux premiers films confie le role principal à la lumineuse Lucia Bosé. On est assez loin ici de la thématique de l'incommunicabilité qui définira les futurs chefs d'oeuvre du Maitre, mais plutôt dans un drame bourgeois classique avec en toile de fond un instantané sur l'industrie du cinéma italien des années 50.
La Dame sans Camélia (1953) n'est pas le film prétendument médiocre qu'Antonioni a renié ensuite. C'est au contraire une oeuvre très intéressante pour de nombreuses raisons. La principale est la présence de Lucia Bosè dont la beauté irradie un mélo où une star du cinéma épouse un réalisateur qui l'utilise, le quitte puis croit trouver un amour mais ce n'est qu'une illusion. Plus tard, Lucia Bosè est poignante, errant dans les studios, après que son mari lui ai refusé un retour honorable. Le film porte des coups terribles au cinéma commercial qu'on observe fabriqué par une série de bouffons incohérents, agités, désordonnés, sans autre plan que le succès immédiat qui produisent au mètre des histoires ridicules et ridiculement mises en scènes. Mais "le cinéma d'art" qui imiterait Sjöström, Bresson ou Murnau n'est pas ménagé non plus : le mari crée un film de plus sur Jean d'Arc, creux et ampoulé. L'histoire se déroule entre Cinecitta, Venise et Milan et il y pleut tout le temps. Comme toujours chez Antonioni une unité d'atmosphère est produite par l'architecture, les voitures, les décors, l'urbanisme, la photographie. Certes le scénario (pourtant de Suso Cecchi d'Amico) souffre de quelques longueurs, notamment le long dialogue pontifiant d'Alain Cuny sur l'art de l’acteur. Mais, quand on remet ce film dans le contexte de la carrière d'Antonioni du néoréalisme à l'épure de Deserto Rosso (64) on comprend mieux sa trajectoire et ce film la complète.
"La Dame sans camélias" est un film mineur dans la filmographie d'Antonioni, moins fascinant que les immenses "L'avventura" ou "L'éclipse" mais intéressant dans sa représentation d'une star très vite déchue, prise au piège par les hommes qui l'ont convoitée. Lucia Bose, impériale en jeune actrice qui va connaître l'échec, porte le film grâce à un visage capable de relayer une pluralité d'émotions (détermination, peur, naïveté, etc.) : ce ressenti en permanence évolutif s'accorde à un déroulement narratif général qui part donc de l'ascension pour aller progressivement vers la chute et dresser un constat amer. Antonioni filme le revers de la médaille de la célébrité, à savoir une vie privée peu enviable, l'acharnement de la critique et du public quand se pointe l'échec artistique et la nécessité de vivre avec un ego contrarié. Un beau film, intelligemment écrit malgré quelques longueurs.
Ce troisième long-métrage de Michelangelo Antonioni est présenté comme mineur dans sa filmo, mais il est tout à fait honorable. La Dame sans camélias est une oeuvre amère sur les désillusions d'une femme, amoureuses et artistiques, une réflexion critique sur le monde du cinéma et la célébrité, une mise en abyme qui tisse des liens cruels entre la réalité et la fiction. Le résultat est un peu inégal, mais toujours intéressant. Le traitement dramatique est classique, avec de nombreux dialogues et quelques rebondissements parfois mélodramatiques. Voilà qui est donc assez éloigné du style qu'adoptera plus tard le cinéaste et qui lui vaudra, à partir de L'Avventura (1960), une reconnaissance internationale. Un style plus original, plus hermétique aussi, qui témoignera d'une autre appréhension du temps et de l'espace, sensible au vide et au silence, mais pas forcément d'une autre appréhension des relations humaines. Car il y a déjà en germe, dans ce film, les thématiques de l'incommunicabilité et de la solitude que l'auteur développera tout au long de sa carrière.
Ce film est considéré comme étant mineur voir même négligeable dans la carrière de son réalisateur. Il est certain que si on calcule l'importance d'un film d'Antonioni en fonction de l'ennui qu'il procure (comprenez : plus un de ses films est ennuyeux plus il est réussi!), cette seconde oeuvre est totalement mineur. Car aussi étonnant que cela peut l'être, le cinéaste a réalisé avec "La Dame sans camélia" un film qui ne contient pas la plus petite seconde d'ennui. Au contraire, on a affaire ici à un très beau film où Antonioni fait preuve d'une lucidité exemplaire sur le monde dans lequel il travaille. On a comme résultat une oeuvre terrible, souvent pathétique, avec un retournement de situation qu'on attendait pas du tout. La mise en scène est très élégante et d'une grande subtilité. Et puis surtout il est très rare de voir une actrice aussi magnifiée que la sublime Lucia Bosé (une des plus belles actrices du cinéma italien, la plus belle selon votre serviteur!) d'une beauté à couper le souffle qui irradie chaque plan dans lequel elle apparaît, interprétant cette starlette avec une très grande conviction et un immense talent. Ce qu'à fait Antonioni avec Lucia Bosé n'a rien à envier à ce qu'à fait par exemple Mankiewicz avec Ava Gardner. En conclusion, je dois bien avouer que rare sont les cinéastes qui ont su mieux rappeler qu'Antonioni dans ce film que le cinéma n'est qu'un monde d'illusions où les rêves ne deviennent que très rarement réalité. Pourquoi n'a-t-il pas continué avec d'autres oeuvres capables autant de se montrer captivantes qu'intelligentes ?
Comment définir cette œuvre sans fausse affectation sur ces mythes & les affres de la célébrité ( Et/ou finalement bien souvent la dite célébrité est la seule à l’ignorer … ) par ailleurs toute en nuances & qu’il est quasi-criminel - tels ces actes manqués - de rater surtout si l’on envisage une carrière dans les Arts . Ne ratons pas la scène de ce producteur à la Russ Meyer en effet si puissant …
Malheureusement, ce mythe de la star déchue a bien vieilli et bien d'autres après Antonioni l'auront mieux représenté que lui. En tout cas, on est infiniment loin de "Blow up" et encore plus de "Zabriskie point", deux réalisations originales et engagées dans lesquelles Antonioni a excellé... Reste donc un film correct mais en rien exceptionnel...