Une nouvelle incursion dans l’univers des cuisines d’un prestigieux établissement, avec un grand chef étoilé aux commandes. Sauf que cette fois, la balade n’a pas le goût d’une comédie... Plus qu’un grand chef, Adam Jones est une rock star de la cuisine, couronnée par deux étoiles au guide Michelin. Grisé par le succès, arrogant et capricieux, l’enfant terrible de la scène gastronomique parisienne sombre dans l’alcool et la drogue. Quelques années plus tard, il a retrouvé la voie de la sobriété. Entouré de jeunes commis et chefs de parties, il relance un restaurant londonien, déterminé à obtenir le Graal de la gastronomie : une troisième étoile. Hanté par les fantômes du passé, le chemin de la rédemption s’annonce plus âpre que prévu : il ne lui reste plus qu’une seule chance pour devenir une légende… Le monde de la gastronomie a toujours séduit le cinéma, mais depuis quelques temps, peut-être un effet à rebours des nombreuses émissions culinaires à la mode, de "Top Chef" à "Masterchef" en passant par "Cauchemar en Cuisine", on a pu noter une recrudescence des films s’immisçant dans les coulisses de l’univers des chefs. Dans ce contexte, voici venir "A Vif !" de John Wells, porté par un Bradley Cooper entouré d’un casting très international allant de Sienna Miller à Daniel Bruhl, d’Omar Sy à Emma Thompson, d’Uma Thurman à Jamie Dornan, en passant par Riccardo Scarmaccio, Lily James, Matthew Rhys ou Alicia Vikander. De l’américain, du français, du gallois, un zeste d’Angleterre, un soupçon d’Italie et même quelques minutes de Suède… Plus international, on ne fait pas. Et John Wells de confirmer qu’il aime les belles distributions fastueuses réunissant les talents les plus hétéroclites. Cette recrudescence des films sur le monde de la cuisine nous amènerait presque à s’interroger sur l’utilité de parler d’un nouveau sous-genre. Mais pour l’heure, restons sur l’idée d’une coïncidence et d’une conjoncture temporelle, et attendons de voir si la mode se poursuit. Une chose est sûre, "A Vif !" ne viendra pas vraiment bousculer le créneau, probablement car le film de John Wells n’a pas grand-chose à proposer de plus à l’égard de l’univers auquel il se frotte en passant derrière d’autres plus séduisants. Alors il compense autrement. En premier lieu, avec de bons personnages pour lesquels on louera les efforts consentis pour leur conférer personnalité et étoffe. Des efforts inaboutis mais présents. Incarné avec conviction par Bradley Cooper, Adam Jones est un chef arrogant motivé par un désir de rédemption, alors que le film insiste bien sur les fêlures d’un être écorché par un passé à la fois trouble, chaotique et douloureux. Cet énième portrait d’un homme cherchant le salut par un nouveau départ est clairement le point d’appui d’un film s’inscrivant davantage dans le drame que dans la comédie, terrain souvent emprunté par les précédentes incursions cinématographiques culinaires. Dommage alors que ce portrait soit incomplet, que certaines pistes soulevées ne soient pas davantage approfondies, que le script reste à la surface des choses, suivant des procédés narratifs trop clichés pour convaincre pleinement. L’autre point de compensation, ce sera bien entendu son univers emblématique. La cuisine d’un grand établissement est clairement désignée comme un personnage à part entière dans ce film et John Wells s’applique pour l’aborder avec respect et réalisme. A ce titre, Bradley Cooper se sera beaucoup impliqué, apprenant de vraies recettes, cuisinant de vrais plats, en temps réel, accompagnés par des figurants qui sont, en réalité, ni plus ni moins que de vrais cuisiniers dénichés dans un Londres qui aura servi de lieu de tournage (et d’action) au film. Finalement assez prenante malgré des faiblesses qui font vaciller l’entière entreprise, l’histoire proposée par "A Vif !" a ce tort d’être trop convenue et sans surprises, de même que le traitement que lui réserve son auteur. L’édifice reste bâti sur un lot de facilités dessinées avec trop de simplicité et seule la modestie qui s’en dégage vient sauver un drame intéressant à défaut d’être brillant. On se surprend à suivre l’affaire avec intérêt pour réellement apprécier ce mets pas assez goûtu, globalement sympathique et divertissant, mais pas assez relevé pour rester en bouche. Et de fait, en mémoire. "A Vif !" ressemble finalement plus à un film surgelé réchauffé au micro-onde, qu’à un plat de haute gastronomie, mais reste un divertissement convenable et pas mal