Voilà donc un road-movie sicilien tourné par un sicilien. Le portrait est touchant, même s'il s'agit de celui d'un escroc à la petite semaine, mais le kaléidoscope de la tragédie sicilienne, que Tornatore construit en assemblant des portraits de tous les siciliens rencontrées au fil des villages traversés, forme au final un portrait social, partial mais profondément humain d'une société appauvrie et éloignée du boom économique de l'après-guerre. Le cinéma n'est plus celui du "paradiso" mais celui du miroir aux alouettes et des vedettes du vieil Hollywood (les bouts d'essai avec les répliques cultes de Autant en emporte le vent, sont des petites madeleines) et de Cinecittà. Joe Morelli parle à tout le monde, et vend du rêve, celui que chacun souhaite, et révèle sur sa pellicule inexistante, sans jugement, les petits arrangements avec le ciel, l'église, la mafia, les carabiniers, les militants communistes. Les paysages sont rudes et ensoleillés, la poésie l'emporte sur le sordide et politiquement correct. Les bergers ont la tête dans les étoiles (comme dans le titre italien l'uomo delle stelle). Cette société rurale est plutôt macho que viendra illuminer sur la fin le personnage de Beata. Enfant perdue ou anticipation de la femme libérée? Un joli premier rôle, accompagnée comme il se doit par la musique de Ennio M! DVD1 - mars 23
Tornatore s'est rendu dans l'Italie profonde pour réaliser cette merveille. Un film si bon qu'en parlant de cinéma, il devient autobiographique de cet art. S'imaginant dans une Sicile d'après-guerre toujours ennemie de la réunification mais qui n'assume en rien d'être échauffée par le soleil, la misère et la mafia, il situe Sergio Castellitto dans un rôle parfait renfermant fermement son secret, qui va tout naturellement devenir le lien entre le spectateur et ce qu'il contemple.
Techniquement au poil, L'Uomo delle Stelle est une comédie vraiment drôle, pleine de facétie, qui ne se moque de personne parce qu'elle se moque de tout le monde, faisant rentrer l'arnaque dans son propre rôle à plusieurs niveaux qu'il serait spoilant mais enrichissant de contempler. Les personnages passent et ne se ressemblent pas, faisant fonctionner une machinerie qui va loin avec le carburant de la langue et de la culture siciliennes. Il y a quelques ventres mous qui laissent à voir la gaucherie d'un personnage principal jamais tout à fait satisfaisant... mais n'est-ce pas fait pour ?
C'est presque un film à sketches, qui évolue avec rapidité mais avec grâce de chapitre en chapitre, de personne en personne, d'acteurs touchants à des acteurs comiques, sans jamais trahir de partialité. Vraiment plein d'émotion, on regrette juste parfois que chaque séquence ait dû être limitée en durée pour garder un bon rythme, mais on se rendra compte que la densité du contrecoup en dialogues de qualité (ah ce que l'on perd de ne parler italien maternellement !) et en cadrages bien facturés vaut bien le coup.
Moi non plus je ne comprends pas que ce film n'ait pas rencontré son public. Moins puissant que Cinema paradiso, sûrement plus sombre, mais réaliste sur ce que les erreurs de la vie peuvent commettre d'irréparable. Tornatore reste un réalisateur incontournable, le qualifier de réalisateur berlusconien est ridicule. Et puis, Castelito est vraiment bon. A voir
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4,0
Publiée le 11 juillet 2009
A travers cet hommage nostalgique au septième art, le cinèaste italien Giuseppe Tornatore renoue avec ses premières amours et la veine de "Cinema Paradiso". Devant la camèra volèe d'un escroc à la petite semaine, des candidats à la gloire dèvoilent ce qu'ils portent de rêves et d'illusions! Des acteurs non professionnels apportent leur inimitable authenticitè à cette galerie de Siciliens naïfs bernès par l'èmouvant Sergio Castellitto, en roi de la combine touchè par l'amour! Très injustement oubliè, avec un èchec commercial qui n'a pas arrangè les choses, Tornatore signe un film magnifique, une sorte de road-movie qui mèrite d'être rèhabilitèe...
Un film franchement remarquable, que j'avais vu en tout premier lieu lors du festival du film italien de Corse en 1995 et qui m'avait laissé déjà alors une impression de tristesse infinie, de remords sans fin, d'impossibilité de rédemption. C'est le genre de film qui fait peur, qui fait mal, qui fait rire, qui laisse sur une note terrible mais tellement profonde et comme incrustée quelque part. Il est difficile à trouver mais il vaut plus que largement le détour !