Deuxième film de John Huston, « In This in Our Life » se présente comme une chronique familiale construite autour de deux sœurs : une garce absolue d’un charme aussi vénéneux que subjuguant, et une femme marquée par l’échec oscillant de résignations en reconquêtes. Le cinéaste choisit une mise en scène élégante mise en image un noir et blanc magnifique par Ernest Haller. Il s’appuie sur un casting où les seconds rôles sont remarquables entourant les deux stars : Olivia de Havilland (qui avait une affaire torride avec le réalisateur) et Bette Davis. Si la première offre un jeu tout en subtilité, la seconde, force trop souvent. Elle est de plus gênée par son âge. Censée être la petite sœur, jeune femme d’à peine vingt sortie depuis peu de l’adolescence, elle en a 34 au moment du tournage, et qui offre l’égocentrisme de son jeune âge en réponse à la retenue de sa grande sœur (Olivia de Havilland de huit ans.. plus jeune !). Habitée par tous les démons : vénale, manipulatrice, cultivant des rapports à la limité de l’inceste avec son richissime oncle (Charles Coburn), elle n’hésite pas à charger un jeune clerc afro américain du meurtre qu’elle a commis, tentant de séduire une fois de plus le compagnon de sa soeur. Rôle tellement sur joué qu’il frôle parfois le ridicule, pierre noire dans la carrière de Bette Davis, mais qui, à sa décharge, avait suppliée Jack Warner de ne pas la caster pour ce film. Ellen Glasgow, l’auteure du roman, lui reprocha d’avoir “ruined” l’adaptation, et Bette Davis de lui présenter des excuses pour cette performance extravagante. Néanmoins les 97’ se déroulent sans ennui, avec de nombreux moments de tension et un plaisir certain, même s’il n’est pas sans agacement. On retiendra une scène dans un bar animée par Walter Huston en barman, où se retrouvent Humphrey Bogart, Mary Astor, Peter Lorre, Elisha Cook, Jr., Sydney Greenstreet, Ward Bond et Barton MacLane. les acteurs principaux du “Faucon Maltais” réalisé un an auparavant.