La divine et principale raison de ce Twilight est la présence de Robert Pattinson, ce vampire magnifique, pailleté d'argent aux premiers rayons du soleil. Là, pour le coup, c'est un peu moins bien (mais comme le premier était excellent...), puisque Edward (le perso interprété par Pattinson, pour les ringards qui ne connaissent pas la série) abandonne Bella dès le début du film, la laissant dans une crise existentielle sans nom, puisque c'est bien connu, sans amour, la vie serait une erreur... D'où l'intelligence du titre absolument effarante, "Tentation" : si en effet le projecteur, ou la caméra, ne se penche plus sur Robert, c'est pour se tourner vers Taylor Lautner, Jacob pour les intimes de la série, qui a pris pour l'occaz 15 kilos de muscle. Tournant autour de Bella depuis le début, il pense bien se la faire, pour de bon, puisque l'autre suceur de souris au sang froid se barre pour une raison ridicule (excès d'amour pour Bella...). Bref, tentation, tentation : Bella est tiraillée entre son amour éternel, nécessaire pour la chauve-souris, et la pulsion contingente, envoûtante, sauvage de Jacob, qui se révèle être un loup-garou (oui oui, un loup-garou... !). L'opposition est excellemment bien choisie : je dirais que l'auteur a extrêmement bien exprimé cette tentation quasi adamique par une différence thermique. Deux polarités viennent en effet scander le trouble sentimental de Bella, deux polarités existentielles, cosmologiques, ontologiques. D'un côté le froid, les vampires, la blancheur de la peau d'Edward, son flegme et sa distinction, mais aussi son abandon glacial, sa fuite hyperboréenne. De l'autre côté, le chaud, avec la fougue, la jeunesse, les muscles, la testostérone, le corps halé et huilé de Jacob (d'où cette citation prise dans le flux incroyablement beau du Texte de ce Second Twilight, dans un dialogue de Bella à Jacob : "tu es chaud, chaud... tu es un soleil à toi seul" ; c'est fluide, c'est bien écrit, c'est du Stephenie Meyer). Bref, dans cette polarité quasi énergétique et électrique (et dont le génie aurait du faire pâlir Lévi-Strauss et sa distinction bêbête entre sociétés froides et sociétés chaudes), le doute, la conscience déchirée, l'être de Bella aux portes de la perte de soi, de l'abandon définitif : Bella est comme élevée en permanence sur cette falaise (dans une scène à sensations au milieu du film), à l'orée de l'aventure et de la déchéance (pour le rappel du thème adamique, bien entendu).
Je ne révèle pas la fin, que l'auteur a su élever à un niveau intellectuel rare grâce à un parallèle saisissant avec le sacrifice de Roméo et Juliette. Meyer sait jouer avec Shakespeare comme avec les sentiments de son spectateur, avec une maîtrise sans relâche, au moyen d'un suspense sans césure et sans frein. Et puis, le film arrive bien à refléter la beauté du livre dans un esthétisme sûr de lui, très travaillé, notamment dans ces plans du champ en fleurs, dans lequel Bella (Kristen Stewart joue trop bien !) se rêve de nouveau avec Edward... C'est du rêve pur, de l'onirisme exemplaire et envoûtant (comme dans ces hallucinations de Bella, qui voit Edward la conseiller face à des événements dangereux ou inquiétants : oui, le film aborde aussi les thèmes de la folie et du rêve, parvient à les mêler l'un à l'autre, les dissocier ou les transfigurer ensemble...).
Je plaisante, bien entendu : film daubique de Chris Weitz, qui n'arrive évidemment pas à sauver ce misérable deuxième opus de la série des Twilight de Stephenie Meyer. C'est risible sur tous les plans, il n'y a pas de scénario, pas d'intrigue, rien (et en plus de ça et de toutes les banalités dans les dialogues pour adolescents, des choses affreuses notamment sur la sécurité : on a l'impression que notre Brice Hortefeux a écrit le scénar, en insistant sur la vigilance, sur les dispositifs de sécurité nécessaire, où Edward deviendrait presque Big Brother. Bref, méprisable).
C'est un massacre, un complot contre l'intelligence et le bon goût, et ce pour une seule et bonne raison : c'est que Robert Pattinson est très peu présent (lire ici ma critique essentielle sur le premier opus, insistant précisément sur sa présence enchanteresse). Ce qui sauvait le premier opus flingue le second, très clairement, puisque Robert n'est plus là. Allez, 3/20, pour les dialogues. Mais Ramenez-nous Robert pour le troisième opus, bon sang ! Il est trop beau ce Robert, mais enfin il est un peu moins beau (un peu plus homme aussi) que dans le premier...
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