Après un dernier épisode bâclé (« L’affrontement final ») et un spin off (« Wolverine ») aux critiques mitigées, la Fox a enfin pris la décision qui s’imposait : rappeler le génial Bryan Singer, réalisateur des deux premiers volets et ici producteur et gage de qualité et de respect de l’histoire originale. Et, force est de constater que le résultat est à la hauteur des espérances et permet de relancer la franchise en offrant pas mal d’explications et d’éléments cohérents concernant l’origine des xmen et les relations fraternelles et complexes entre Xavier et Erik, les deux futurs adversaires mutants, aux visions diamétralement opposées, quoique cet épisode nous apprend à être plus nuancé quant aux réelles motivations de Magneto.
Le scénario est plutôt bon, comme lors des premiers films, l’idée majeure reste le problème mutant et l’acceptation de leurs différences par le monde humain, on revient clairement aux origines avec le thème de l’intolérance et de l’acceptation de soi. L’intrigue est positionnée à une époque particulière de l’histoire, au moment de la crise des missiles cubains (avec tout ce que cela entraine : nazisme, guerre froide, nucléaire…), choix assez amusant mais bien exploité, qui offre pas mal de possibilités dans les libertés scénarisitiques, ainsi qu’une vraie crédibilité de l’intrigue, à travers les images d’archive des discours des présidents par exemple.
Coté action, la mise en scène signée Matthew Vaughn, auteur du brillant « Kick Ass », est réussie, les scènes d’action et de démonstration des pouvoirs mutants se multiplient, avec beaucoup de succès, même si tous les mutants ne sont pas de niveau égal : autant Azazel est franchement puissant et impressionnant, autant les petites ailes de papillon d’Angel sont assez risibles. On retiendra principalement la scène du sous marin extirpé des eaux par Magneto et qui se retrouve à flotter dans les airs, à coté d’un avion, comme belle démonstration de la maestria visuelle de Vaughn.
Coté casting, le choix des deux héros est bon, James McAvoy et Michael Fassbender correspondent bien aux caractères et aux spécificités du Professeur Xavier et de Magneto, surtout le second que je trouve particulièrement crédible et inspiré en homme assoiffé de vengeance, constamment tiraillé entre bien et mal. D’un point de vue plus personnel, je suis vraiment heureux que le film fasse également la part belle à Raven, dit Mystique, personnage intriguant et envoutant de la saga, au même titre que Magneto. Enfin, il convient de saluer la prestation parfaite (normal, c’est en méchant qu’il est le meilleur !) de Kevin Bacon, et de sa compagne, January Jones, qui nous font vraiment penser aux années glorieuses des premiers méchants de James Bond, tel Golfinger. D’ailleurs, c’est à se demander si le choix de l’époque n’est pas également un moyen de rendre hommage aux films de Young ou Hamilton. Pour finir, on notera une apparition furtive mais hilarante de Hugh Jackman dans son rôle de prédilection de Wolverine.
Bref, un dernier opus de grande qualité qui se positionne clairement sur l’idéologie des premiers, c'est-à-dire le droit à la différence et l’humanité de ces mutants face au manque de tolérance des soit disants « humains ». Le tout servi par un casting de premier ordre et par un réalisateur qui continue de s’imposer comme une valeur sûre… Merci à Bryan Singer d’avoir repris les rennes de la saga, c’est toujours mieux de la conclure sur la note positive qu’elle mérite amplement !
Auteur du livre "Guide de Survie du Cinéphile Amateur" (sortie janvier 2019)