D'après la pièce de Victorien Sardou, à qui on doit le surnom de l'héroine, Roger Richebé mèle la petite histoire à la grande en narrant des intrigues de palais dont paradoxalement, Catherine Hubscher dite Madame Sans-Gêne, n'est pas un personnage prépondérant ni réellement déterminant. Blanchisseuse sous la Révolution, on retouve Catherine sous l'Empire à la fois duchesse et maréchale Lefèbvre, connue, et moquée, pour son franc-parler et son argot qu'Arletty amplifie plus que de raison. C'est la touche fantaisiste du film. J'aime beaucoup Arletty mais elle ne fait ici que le numéro qu'on attend d'elle et son personnage s'efface derrière la comédienne. La pièce ne semble exister que pour les deux ou trois rencontres entre Napoléon (le sévère et investi Albert Dieudonné, qui fut aussi le Napoléon muet d'Abel Gance) et l'impétueuse Madame Sans-Gêne dont le bon sens populaire et l'impertinence séduisent l'Empereur. Le film est plutôt ennuyeux et bavard, rappelant son origine théatrale, et les petites manoeuvres à la cour impériale filmées par Richebé on surtout le souci du costume éclatant malgré le noir et blanc. Aimé Clariond exagère l'onctuosité fourbe de Fouqué jusqu'à la caricature; Alain Cuny, débutant, amuse malgré lui en mamelouk préposé à l'ouverture des portes. Hormis Arletty et sa Madame Sans-Gêne, tout le monde semble se prendre trop au sérieux, réalisateur compris.