Qu'il s'agisse du premier, ou du second, "Happy Feet" est un ovni imaginé par les studios warner, desservant une morale simpliste mais ô combien fantastique : danser et améliorer le monde. Avec cette suite merveilleuse, George Miller s'impose comme un philosophe accompli, brillant et inspiré, qui ne semble pas s'enquiller de limites sociologiques. Arrivant toujours à inclures des subtilités en faveur du preservement écologique, ou du moins des dégats causés par le rechauffement climatique, il expose sa vision de maniére autoritaire. On est obligé de prendre son parti, sans cesse captivés par ses personnages d'une personnalité rare et ses dialogues franchement savoureux. "Happy feet 2" c'est une perle, un virage rafraichissant dans cette période hostile que la planété connait, où l'on est amené a faire équipe, cotoyer nos prédateurs et avancer, nageoire dans nageoire, pied dans pied, vers un avenir beaucoup plus serein. Eric, petit animal déchu en quête d'identité, se cherche, incompris de son pére qui avait pourtant connu le même probléme dans sa jeunesse. Cherchant à se frayer un chemin et atteindre une place digne sur cette banquise empirique, il se constituera une aventure decapante, à la croisée de divers univers et où des rencontres improbables l'améneront à ses fins. Et puis, ce second épisode, c'est aussi la relation difficile et bouleversante qu'entretient un pére avec son fils. Le pére, tentant de consoler son enfant par bien des moyens, se voit litteralement absorbé par la popularité d'un être étrange idôlatré de tous. Poignant et virtuose, ce long métrage d'animation souléve bien des questions existentielles, toutes résolues par la force narrative qui en émerge. Les peuples, distincts, se lient et font preuve d'une éffarante solidarité pour aider les autres dans le besoin. Alors, certes, sur bien des aspects, "Happy Feet 2" s'avére être une lecture naïve, mais celle ci s'exprime par un scénario ludique et pacifiste ingénieux. Bizarrement, cette suite n'est pas parvenue à conquérir son public, récoltant de faibles louanges, des critiques négatives et un bouche à oreille dégradant. Heureusement qu'on ne s'y attarde pas, car l'on passerait à coté d'un monument de l'animation. Les chansons sont toujours aussi délirantes, quoique basculant plus dans la sensiblerie et dans l'inquiétude, mais sont ponctuées d'un dynamisme inarretable qui apaise les tympans et nous transporte à mille lieux de notre écran. Au delà de cela, les animations sont d'une rare finesse et d'une incroyable perfection. Tout l'environnement prend vie, des profondeurs de l'océan au systéme solaire, proposant un monde totalement ouvert et propice à toute nouvelle rencontre. Finalement, c'est ça la magie de George Miller : rêver tout en gardant les yeux ouverts. Découvrir, dans un contexte exploré des millions de fois, une planéte où le temps s'arrête. Dansez les amis, chantez si le coeur vous en dit. Bourré de références multiples, "Happy Feet 2" ne constitue pas seulement une réussite artistique, esthetique, photographique, ni même une suite agréable. C'est bien plus que ça. C'est un accomplissement, un message qui éclate à la tronche du spectateur. Une hymne intemporelle. Quelques claquettes et cordes vocales suffisent à adoucir les moeurs : la preuve par deux.