World War Z est une œuvre ambitieuse qui, malgré ses intentions louables et quelques moments captivants, échoue à s’élever au-dessus du flot des productions apocalyptiques hollywoodiennes. Avec une prémisse qui promettait un regard géopolitique sur une pandémie zombie, le film tombe dans une routine de blockbuster spectaculaire, sacrifiant profondeur et cohérence sur l’autel de l’action effrénée.
L’intrigue nous emmène aux côtés de Gerry Lane, interprété par un Brad Pitt toujours charismatique mais peu aidé par un scénario qui le réduit à un héros générique. Cet ancien enquêteur des Nations Unies se retrouve plongé dans une course contre la montre pour identifier l’origine d’un virus dévastateur. Bien que cette quête mondiale offre des décors variés et quelques séquences d’action impressionnantes, elle manque cruellement de liant, transformant le film en une série de vignettes déconnectées plutôt qu’un récit fluide et engageant.
Le point fort du film réside indéniablement dans ses scènes d’action massives, où l’horreur des zombies se déploie à grande échelle. La séquence à Jérusalem, où des hordes de morts-vivants escaladent un mur immense dans un élan frénétique, est visuellement spectaculaire. Cependant, ces moments sont trop rares et souvent ternis par des incohérences scénaristiques flagrantes. Pourquoi ces zombies réagissent-ils soudainement au bruit, après avoir ignoré le tumulte pendant si longtemps ? Ces questions, laissées sans réponse, minent l’impact de scènes autrement mémorables.
Les personnages secondaires, quant à eux, oscillent entre le sous-développé et l’inutile. Les compagnons de route de Gerry, qu’il s’agisse de sa famille ou des soldats qu’il rencontre en chemin, servent davantage de mécanismes narratifs que de figures réellement attachantes. L’interprétation de Mireille Enos dans le rôle de Karin, la femme de Gerry, est solide mais limitée par un rôle qui se résume à attendre des nouvelles de son mari. Daniella Kertesz, qui incarne Segen, parvient à injecter une certaine intensité, mais son personnage reste en grande partie inexploité.
Sur le plan narratif, World War Z trahit cruellement son matériel source. Le roman de Max Brooks offrait une approche originale et fragmentée, mêlant témoignages et réflexions sociopolitiques pour créer une œuvre riche et complexe. Le film, en revanche, choisit une structure linéaire et simplifiée, perdant en chemin la profondeur et la singularité de son inspiration. Là où le livre plonge dans les conséquences globales d’une pandémie, le film se contente de survoler ces thématiques, préférant des solutions scénaristiques faciles à des réflexions significatives.
La réalisation de Marc Forster peine à maintenir une identité cohérente. Si certaines scènes, comme celles dans le laboratoire de l’OMS, cherchent à créer une tension plus intime, elles sont trop déconnectées du reste du film pour fonctionner pleinement. Le contraste entre ces moments plus sobres et les scènes d’action spectaculaires donne l’impression d’un film qui ne sait pas exactement ce qu’il veut être : un thriller intelligent ou un pur divertissement grand public.
La bande-son de Marco Beltrami, bien que compétente, passe largement inaperçue. Elle accompagne l’action sans jamais s’imposer ni rehausser les émotions. Les effets spéciaux, eux, oscillent entre le brillant et le médiocre, avec des hordes de zombies parfois saisissantes, mais d’autres fois gâchées par des CGI trop évidents.
Enfin, le dernier acte, réécrit et retourné à la dernière minute, illustre les problèmes structurels du film. Initialement conçu comme une bataille épique en Russie, il a été remplacé par une séquence beaucoup plus modeste dans un laboratoire gallois. Si ce changement aurait pu offrir une conclusion plus réfléchie et originale, son exécution laisse à désirer. Le climax manque d’intensité et de satisfaction, se terminant sur une note plate qui n’est ni spectaculaire ni émotive.
En fin de compte, World War Z est un film qui souffre de ses propres ambitions. Il tente de combiner une échelle globale avec un drame intime, mais échoue à exceller dans l’un ou l’autre. Les amateurs de sensations fortes trouveront des séquences qui valent le détour, mais ceux qui recherchent une histoire mémorable ou des personnages attachants risquent d’être déçus. C’est une expérience divertissante par moments, mais frustrante par son incapacité à capitaliser sur son immense potentiel.