Ce film d’animation a beau être américain, on a beau tourner le truc dans tous les sens, on dirait que le personnage de Gru a été taillé sur mesure pour Gad Elmaleh. L’accent, la façon de parler, les expressions verbales, et même la danse, c’est du Gad Elmaleh pur jus. Et bien que je ne sache pas ce que ça donne en version originale, j’aurais bien du mal à dissocier Gru de Gad Elmaleh. Cependant il serait injuste de résumer le succès de "Moi, moche et méchant" dans notre hexagone à l’immense qualité du doublage de l’humoriste qu’on pourrait apparenter à un nouveau one man show. Car le doublage est excellent sur tous les personnages, à commencer par la petite Agnès (formidable Dizzie Le-Tan), mimi à craquer avec ses grands yeux ronds et ses moues typiques de petite fille. N’oublions pas l’adversaire de Gru (Vector, doublé par un Eric Métayer dans ses grandes œuvres), doté d’une extravagance qu’on retrouve souvent chez les jeunes impétueux, tout simplement parce qu’ils sont trop sûrs d’eux et que, de ce fait, ils se croient intouchables, ce qui les rend souvent insolents voire arrogants. Des traits de caractère qu’on retrouve la plupart du temps chez les fils à papa… Je disais plus haut que Gad Elmaleh assurait à lui tout seul le spectacle à travers son personnage. C’est vrai que la performance est énorme. Mais ce n’est pas tout à fait exact : il n’est pas seul, et doit composer avec les Minions, ces curieux petits personnages jaunes à la fois idiots, drôles, sensibles, et incroyablement attendrissants. Et ils continuent de régaler le spectateur jusqu’au générique de fin. L’animation est elle aussi d’excellente facture, la part belle ayant été donnée aux expressions du visage. Il n’y a pas toujours besoin de mots pour savoir ce que les personnages pensent, surtout chez Gru et la petite Agnès. Les mouvements sont fluides, jamais saccadés, y compris dans l’animation du pelage du chien, dont le dessin est détaillé. En parlant du détail, vous noterez que lorsqu’on voit les télés, l’animation est passée par là aussi : les petits écrans ne sont pas éteints et les images qu’ils présentent ne sont pas fixes ! Quant à l’histoire en elle-même, elle est pleine de créativité et forte en contrastes avec des personnages très différents les uns des autres. Et quand je dis qu’ils sont tous très différents, c’est un euphémisme, les personnages étant eux-mêmes tout en contrastes : entre Gru le méchant au cœur tendre, le vieux professeur drôle de sa surdité mais qu’on détestera un instant, et un Vector aussi jeune que sadique, les contrastes sont nombreux et charment le spectateur malgré lui par leur nombre inhabituel. Sur une partition qui colle bien au film, "Moi, moche et méchant" est bougrement bien rythmé, alternant les séquences virevoltantes et les séquences plus calmes avec une facilité déconcertante. Certaines d’entre elles sont même attendrissantes à souhait ! Ce n’est donc que du bonheur pour le spectateur, lequel sera également accroché par la grande inventivité du scénario.