Contrairement à ce que laisse penser son titre français, "Moi, moche et méchant" n'est pas un biopic de Mathilde Seigner ou de Brice Hortefeux mais un dessin animé qui s'est imposé comme l'un des phénomènes de l'été 2010 aux Etats-Unis, créant la surprise en recueillant 230 millions de dollars (chiffre en cours) pour 69 millions de dollars de budget. Au niveau du scénario, c'est convenu au possible : dans un charmant quartier résidentiel délimité par des clôtures de bois blanc et orné de rosiers fleurissants se dresse une bâtisse noire entourée d’une pelouse en friche. Cette façade sinistre cache un secret : Gru, un méchant vilain, entouré d’une myriade de sous-fifres et armé jusqu’aux dents, qui, à l’insu du voisinage, complote le plus gros casse de tous les temps : voler la lune (oui, la lune !)... Gru affectionne toutes sortes de sales joujoux. Il possède une multitude de véhicules de combat aérien et terrestre et un arsenal de rayons immobilisants et rétrécissants avec lesquels il anéantit tous ceux qui osent lui barrer la route... Jusqu’au jour où il tombe nez-à-nez avec trois petites orphelines qui voient en lui quelqu’un de tout à fait différent : un papa. L'originalité du point de départ est d'avoir, en personnage principal, non pas de sympathiques jouets ou des bestioles préhistoriques potaches, mais un bonhomme aussi vil que laid. Et on regrette assez vite que le mauvais esprit annoncé ne soit que de façade : "Moi, moche et méchant" reste assez lisse, calibré famille. Les personnages manquent de profondeur, qu'il s'agisse du trio de fillettes dont on devine tous les traits de caractère au premier regard, ou des Minions, décalque à peine voilé des Martiens de "Toy Story", une source d'humour absurde mais malheureusement sous-exploitée. Ni vraiment drôle, ni réellement trépidant, "Moi, moche et méchant" se laisse pourtant voir, grâce à un tempo plutôt soigné et un visuel réussi, pimpant et coloré. On a vu, venant des Etats-Unis, d'autres productions animées se défaire du complexe Pixar, comme le fabuleux "Coraline" d'Henry Selick ou encore "Dragons" de Dean DeBlois et Chris Sanders. Honnête sortie familiale, "Moi, moche et méchant" manque, lui, un peu d'inspiration pour prétendre à plus grand. C'est ni beau ni laid, c'est juste vide. Sans vraie personnalité. Les gags sont du niveau de la cour de récré. C'est l'un des films d'animation les plus inutiles que j'ai vu, et pourtant j'aime les dessins animés et les films d'animation. Le style d'animation est cependant assez original et intéressant. Les gamines sont elles très mignonnes, et c'est d'ailleurs à elles que l'ont doit les scènes les plus drôles. L'objectif du film, être un méchant et voler la lune, est tout bonnement ridicule, avant que n'apparaisse en fait l'autre objectif. Je n'en attendais rien sinon un film d'animation sympathique, j'ai eu moins que ça. Noter avec plus d'indulgence un film d'animation, sous prétexte que c'est destiné aux plus jeunes, je trouve ça ridicule. Disney et Pixar arrivent à proposer sans problèmes des films s'adressant à tous les âges, je ne vois pas pourquoi les autres studios ne le pourraient pas. Et ce "Moi moche et méchant" a le luxe de se payer tous les clichés possibles, des scènes complètement stupides, sans jamais être original... On veut faire croire que le film se passe du côté d'un vrai méchant, ça part pendant 10 minutes, avant de se rendre compte que ce n'est qu'un loser qui va, surprise, être moins méchant que ce qu'on croyait ! Entre le centre d'adoption qui est juste un magasin d'enfants (on peut contacter le SAV, ils les reprennent), ou les fusées construites dans la cave (pourquoi pas), c'est d'une débilité profonde, et je le redis, l'excuse du film pour les moins de 10 ans ne tient pas... L'animation est loin d'être révolutionnaire, même si elle est intéressante, les gags ne sont jamais drôles, au mieux on sourit tellement c'est bête et stupide. Les personnages sont stéréotypés à outrance, souvent agaçants, rarement attachants et la belle morale inutile plombe complètement tout le film. Après Pixar, Dreamworks, Sony et j'en passe et des meilleures, voilà maintenant qu'Universal s'efforce de lancer son studio d'animation pour se croquer une part du juteux gâteau avec ce film assez minable. Dommage qu'une fois de plus, un studio cherche à faire son trou en démontrant qu'il sait faire la même chose que les autres, et cela sans une once d'originalité. Ici, j'avoue être resté totalement amorphe face à ce film qui a de vraies allures de film "prétexte" : quelques méchants, quelques orphelines, quelques monstres rigolos, quelques situations potaches : on mélange le tout et on voit ce que ça donne. Résultat, on a finalement droit à un univers guimauve fluo dans lequel se sont collés quelques gags de manière désordonnée, mais jamais il ne se crée une dynamique comique ou une ambiance propre au film. Du coup, il faut se contenter de quelques facilités vues milles fois : des bébêtes qui font de drôles de têtes, des "paf le chien" pour ce qui est de l’humour... Pour ce qui est de l'émotion il faudra repasser, elle est totalement absente. On devra aussi s'arrêter à une banale histoire de pauvres orphelines absolument creuse et pas très crédible (je sais bien qu'on est dans un dessin animé, mais quand même, cette histoire de fillettes qu'on adopte et qu'on reprend comme ça à la demande, et qu'on fait bosser en attendant de trouver preneur, c'est pas un peu malsain ça ?). On s'ennuie du début à la fin, c'est mou, creux, sans intérêt, sans saveur. Bref, à éviter