Emouvant, instructif et très remarquable visuellement, « The Danish girl» soulève une problématique très controversée au début du siècle et encore marginalisée de nos jours : le transgenre. Mais ce qui marquera les esprits des spectateurs, c’est la sublime histoire d’amour dont ils sont les témoins privilégiés.
Tom Hooper nous a déjà emmené dans de nombreuses époques et aux côtés de personnages emblématiques : « Le Discours d’un roi », « Les Misérables », c’était lui ! Ici, il choisit de planter le décor des années 30 et d’aborder un sujet sensible : celui du transgénérisme. Exploité à plusieurs reprises au cinéma, le thème nous fera forcément à l’histoire de « Laurence Anyways » de Xavier Dolan, plus contemporaine mais tout aussi difficile à aborder dans une société dite tolérante et pourtant encore réticente...
Ici, l’histoire présente la vie de deux personnages extraordinaires. Celle de Gerda, la femme de Einar, qui voit sa carrière de peintre décoller lorsqu’elle prend son mari féminisé comme modèle. Mais lorsque la gloire lui sourit, c’est son univers amoureux qui s’obscurcit. Par amour pour lui, elle acceptera son besoin de transformation, celui d’entrer dans la peau d’une femme en revêtant tous les apparats d’une dame de son temps. Einar, lui, délaisse sa passion pour l’art pictural et n’a plus qu’un but en tête : devenir la femme qui sommeillait en lui et laisser Lili, son double féminin, s’exprimer au grand jour. D’abord taxé de schizophrénie, Einar parviendra à imposer son souhait de quitter le corps masculin duquel il a été trop longtemps prisonnier. Et ce n’est pas aisé à concrétiser lorsque le transgenre est encore trop méconnu et perçu comme une perversion voire une maladie grave à « éradiquer ».
Le duo de comédiens qui œuvre dans « The danish girl » est magistral. Le travail de préparation des deux acteurs est réel et mérite vraiment d’être souligné. Alicia Vikander (« Agents très spéciaux code U.N.C.L.E », « Ex-Machina », « Royal Affair ») est sublime ! Touchante, aimante, courageuse, elle est une alliée incroyable, une amoureuse inconditionnelle et saura épauler son mari tout au long de son parcours. Eddie Redmayne (bientôt à l’affiche des « Animaux Fantastiques », le « spin-off » d’Harry Potter), de son côté, a fait un énorme travail d’interprétation et fait vivre son personnage avec beaucoup de sensibilité. Incroyable, il ne lésine pas sur les moyens et on assiste à sa transformation tout au long du film au point de nous faire oublier qui il était au départ. Pour parfaire son rôle, le comédien n’a pas hésité à donner de sa personne, changeant son physique et perdant de nombreux kilos pour les besoins du film. Lorsqu’il sourit, c’est le visage de Lili qui s’illumine et le bonheur de son personnage transcende tout et nous atteint droit au cœur. Les émotions sont fortes et ne manqueront pas de vous toucher.
Autre très belle surprise : Matthias Schoenaerts
qui, en mode dandy, deviendra un soutient indéniable pour le couple et offrira son amitié sans juger.
Reparti bredouille des Golden Globes et de la Mostra de Venise, le film tentera encore sa chance aux BAFTA Awards. Nommé dans deux catégories aux Oscars 2016 (Meilleure actrice dans un second rôle pour Alicia Vikander et meilleur acteur pour Eddie Redmayne), « The Danish Girl » n’a pas fini de faire parler de lui et peut toujours faire l’objet d’une jolie récompense.
S’il souffre de quelques longueurs, le film vaut vraiment la peine d’être vu, pour la reconstitution de l’époque, pour ses costumes incroyables, sa musique qui nous porte et pour son histoire (vraie) magnifiquement mise en images.