Einar Wegener (Eddie Redmayne) est un jeune peintre reconnu, marié à Gerda (Alicia Vikander) peintre elle aussi. Ils vivent paisiblement dans un beau quartier danois essayant, en vain, de concevoir leur premier enfant. Alors que le modèle de Gerda est en retard pour être peinte, celle-ci demande à Einar d’enfiler des collants, juste assez pour qu’elle puisse continuer son tableau. Einar, joueur se prête au jeu et, alors qu’il refuse tout d’abord, il ajuste la robe sur lui et découvre soudain une sensation inconnue. Va alors s’en suivre une transformation qui, au fur et à mesure, va creuser un écart entre lui et Lilly, son autre lui.
Le film est esthétiquement très bien réalisé. La fameuse scène où Eimar ajuste la robe (sans l’enfiler) est d’une sensibilité quasi intime, et l’on ressent, par le talent d’Eddie Redmayne, le trouble causé au personnage. Au fur et à mesure que Lilly prend place, ce sont les gros plans qui apporte cette intimité, qui permet de palper la douleur qu’elle ressent. Les décors sont également magnifiques. Au point de vous donner envie d’aller visiter nos chers voisins pour découvrir leurs maisons colorées, leurs paysages bruts et verdoyants (quoiqu’un peu gris).
Eddie Redmayne est, comme dans La Merveilleuse Histoire du Temps, éblouissant. Il respire, dans son androgynie, cette sorte d’extrême fragilité, un peu comme un papillon qu’il faudrait protéger des assauts du vents. Et dans ce films et ses nombreux gros plans, cette fragilité est criante. Il joue à merveille la souffrance que peut être de naître dans un corps qui n’est pas le sien et assister à cette prise de conscience et surtout aux décisions qui en découlent à une époque où c’était très loin d’être toléré a été très touchant. De même, il arrive à la perfection à devenir féminin, à avoir ces airs et ces manières de femme. A croire qu’il peut changer de peau. Lui qui était absolument époustouflant dans le rôle de Stephen Hawking (et qu’il doit être dur de « jouer » un handicap), le voilà bluffant en transgenre.
De même, Alicia Vikander, que je ne connaissais pas, est absolument juste. Si c’est grâce/à cause d’elle que son mari va prendre conscience de sa réelle identité sexuelle, elle ne le lâchera jamais. Et le talent d’actrice va jusqu’à nous faire ressentir là aussi ce que cela peut être de vivre cette situation. [...]
Cependant, le film durant 2h (et objectivement je pense qu’il n’aurait pas pu durer moins que cela), je dois reconnaître une certaine platitude, certes que l’on peut attendre de ce genre de film [...] Peut-être une overdose ou presque de sensibilité, un manque de passion, de révolte sans doute.
C’est aussi ce qui me donne cette difficulté à noter le film. Comme cela m’est déjà arrivé, je ne pourrais pas mettre une note au delà de 15 mais je ne peux me résoudre à mettre moins que 13. C’est un beau film, qui rend un sujet trop peu évoqué fort intéressant surtout à l’époque où il prend place. On reconnait le courage qu’il a fallu à Lilly pour aller au bout de son geste et on se dit qu’à notre époque également, beaucoup de Lilly souffrent de ne pas être nés dans le bon corps. Sommes-nous à une époque plus tolérante pour autant? Je vous laisse seul juge…