Pour son premier long métrage, la jeune réalisatrice (30 ans) Katell Quillevéré a obtenu le Prix Jean Vigo et s'est retrouvée sélectionnée à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2010. "Un poison violent" raconte avec pudeur, délicatesse et surtout beaucoup de talent, les émois d'Anna (Clara Augarde, une belle découverte), une jeune fille tout juste sortie de l'enfance et qui se trouve confrontée, dans un contexte familial difficile, à ses rapports avec la foi catholique et à ses premiers élans amoureux. Alors qu'elle vient de quitter l'internat et qu'elle arrive dans son village du Finistère pour les vacances d'été, ses parents viennent de se séparer, elle doit faire sa confirmation et elle n'est pas insensible au charme de Pierre, un garçon de son âge qui n'a aucune attirance pour la religion. Le père d'Anna non plus et son grand-père grabataire (Michel Galabru) encore moins. Par contre, Jeanne, sa mère (Lio), est très pieuse, ce qui ne l'empêche pas d'entretenir des rapports quelque peu ambigus avec le prêtre de la paroisse (Stefano Cassetti, découvert dans "Roberto Succo" de Cedric Kahn). On n'est pas étonné d'apprendre que Katell Quillevéré cite Cavalier, Rivette et Bresson comme étant des cinéastes l'ayant inspirée. De même, le fait qu'elle ait elle-même perdu la foi alors qu'elle est issue d'une famille catholique et de droite, n'est surement pas un hasard ! En tout cas, cela nous vaut un film qui aborde un sujet peu souvent traité dans le cinéma français et qui est vraiment réussi. Et puis, il y a la musique, élément très important de ce film. Une musique originale signée Olivier Mellano et un très beau travail réalisé par le consultant musical Frank Beauvais qui est allé dégoter des folksongs américains pas toujours très connus et, surtout, mettre en valeur Barbara Dane, une très grande dame de la musique américaine, blues, folk, jazz, totalement inconnue en France. Ecoutez sa version de "Greensleeves" !! Et aussi la version de "Creep", le tube de Radiohead, par la chorale Scala.