Une palme, c’est flatteur, ça allèche le chaland. Alors, Fête du Cinéma oblige, on entre. D’autant plus qu’il y a la clim ! À moins d’être un obsédé des cabarets turlupinesques, des boîtes sordides et des spectacles à deux sous, ici, rien à voir avec "Quand j’étais chanteur", "Cabaret" ou "Chicago". Même le dernier "Moulin Rouge", et Dieu sait pourtant..., trouve grâce à côté de ce film.
Du premier, il lui manque la profonde et nostalgique réflexion. Du second, il n’a su emprunter la musique, se contentant, en lieu et place, d’un tonitruant vacarme agrémenté d’une saturation à vous mettre la cochlée en rideau. Il ne manquait plus que l’ami "Larsen" mais peut-être le réalisateur n’avait-il pas prévu d’effet spécial ? Du troisième, il n’avait ni le rythme déjanté, ni la grandiose réalisation, ni la force de l’intrigue. Du dernier, il n’avait même pas le prestige du lieu ou l’aura des personnages. Bref, un saut du haut du grand plongeoir qui se finit en un bien désolant à-plat ! Je n’en voudrai guère à ces demoiselles, souvent fort légèrement vêtues, qui font de leur mieux pour mériter les applaudissements d’un public souvent conquis d’avance. De leur tournée dans les salles de spectacles françaises, Le Havre, Nantes, La Rochelle, Toulon, que du royal !
Quant au réalisateur, acteur-producteur dans le film, il peine à nous offrir un discours cohérent, des dialogues dignes d’être écoutés ou une intrigue crédible. Que de dérisoires banalités, que de platitudes, que de séquences hors-sujet ! Beaucoup d’efforts pour un film ressemblant plus à une vidéo d’amateurs après une virée en goguette dans les cabarets coquins qu’à un propos cinématographique digne de ce nom. On en arrive à se demander comment sont primés les films à Cannes. Tirage au sort, copinage, courte paille, effeuillage de stripteaseuses à défaut de marguerites ou simplement masturbation intellectuelle avec réminiscence rive-gauche-caviar mâtinée bobos refoulés ? Moins le film est accessible à toute personne n’étant pas sous addiction prohibée, plus il a de chance de voir son affiche ornée de l’honorifique rameau.
Pour conclure, comme dans toute tournée, un verre ça va, trois verres, bonjour les dégâts !
Michel Tellier