Sensation du dernier festival de Cannes, je ne vois vraiment pas ce que "Tournée" a de si fabuleux. Au demeurant, je n'arrive pas à distinguer ce qui est bon de ce qui l'est moins dans ce film, sentiment étrange que j'ai rarement (ou même jamais) éprouvé. Certes, c'est un vent de fraicheur qui souffle sur le cinéma d'auteur français (Dieu merci, il semble encore exister !), mais l'ensemble reste quand même d'une prétention presque vulgaire, où la flegme de Mathieu Amalric (décidément un acteur/réalisateur que j'ai du mal à cerner) devient irritante au fil du film. Sans parler des danseuses, personnages-migraines par excellence, personnalité en option, fardées à outrance. On veut leur donner une âme, une certaine profondeur, mais le fait est que le réalisateur privilégie à la fois l'apparence et la psychologie. Le film se voulant divertissant et éblouissant, on ne finit que par voir ce coté faux, burlesque, cette personnalité de façade, provoquant un dégout certain pour ses femmes, incarnant une pseudo-beauté mais terriblement insipides. Au milieu de toute cette avalanche de plumes et d’accessoires assez équivoques se dresse Amalric, point d’interrogation, qui semble plus hanter sa réalisation qu’y jouer véritablement. Sa petite escapade parisienne, lourde en symbolisme avec toutes ses rencontres, n’est pas vraiment d’une utilité reconnue et contraste trop avec les préparatifs du spectacle, à l’autre bout de la France.
Pourtant, de bonnes qualités sont à remarquer, comme ce déluge de couleurs, de sons et de gestes, qui marque pour un début de film. Mais tout cela reste noyé dans une neutralité affligeante, où l’on ne s’ennuie pas, mais où on ne s’amuse pas non plus, presque trop conformiste dans sa douce folie. Cocasse quand même, car le film, comme dit plus haut, ne parvient pas à obtenir un jugement tranché de ma part : est-ce un énième film franchouillard qui « pète plus haut que son cul » ? Ou bien est-ce une énigme trop bien ficelée pour être véritablement appréciée à sa juste valeur ? En tout cas, ce n’est certainement pas un chef d’œuvre, qui semble presque avoir volé sa Palme de Mise en Scène cannoise.