Je serais toujours écœuré par la mentalité ultra hypocrite du cinéma américain qui refuse qu’un bon film ne soit pas américain : quand un film étranger est un succès national ou mondial, plutôt que d’en acheter les droits, de le doubler et de le sortir en salles, ils préfèrent tout simplement en faire un remake. Et qu’est-ce que ça donne au final ? Bin souvent soit un film inutile car il reprend plan par plan l’original, soit un film bien naze faisant totalement honte à l’original : "The Experiment" ("L’Expérience"), "Funny Games US" ("Funny Games"),"En Quarantaine" ("[REC]"), "Les Visiteurs en Amériques" ("Les Visiteurs"), "New York Taxi" ("Taxi"), "Trois Hommes et un Bébé" ("Trois Hommes et un Couffin"), "Laisse-Moi Entrer" ("Morse"), "Millenium" (idem), La Fille en Rouge" ("Un Eléphant, ça Trompe Enormément"), "Nom de Code : Nina ("Nikita"), "The Dinner" ("Le Dîner de Cons"). Et bien entendu, le cinéma asiatique n’échappe malheureusement pas à l’hécatombe : "Pulse" ("Kaïro"), "My Sassy Girl" (idem), "Le Cercle" ("Ring"), "Dark Water" (idem), "One Missed Call" ("La Mort en Ligne"), "Les Intrus" ("Deux Sœurs"), "Possession" ("Addicted"), "The Eye" (idem), "Bangkok Dangerous" (idem), "Spirits" ("Shutter"), "Godzilla (idem)…Au vu des résultats, je ne pouvais que m’étrangler lorsque fut annoncé le remake du film culte de Park Chan-Wook car, de toute évidence, il ne pouvait s’agir que d’un massacre de plus parmi tant d’autres ! Alors, résultat ? Vous me le demandez vraiment ? Bin comme d’hab : remake INUTILE et absolument INFERIEUR à l’original. Pourquoi ? Simple, comme d’habitude avec les amerlocs : leur putain de problème du « Bigger, faster, stronger, louder » ! Ils essayent toujours de faire « plus mieux » que les autres et au final ça n’a ni queue ni tête, ça frise le ridicule et, comble absolu, ça dénature totalement l’essence même de l’œuvre originale. Rien que l’introduction du film : dans l’original on voit Oh Dae-Su saoul essayer de rentrer chez lui pour l’anniversaire de sa fille alors qu’il est retenu au poste de police ; ensuite une petite scène où il appelle sa femme avec son frère depuis une cabine téléphonique et ce dernier se rend compte de la disparition du héros. Et tout cela en moins de cinq minutes. Ici, on nous affuble de la vie quotidienne de Joe avec une scène à son boulot, un coup de fil avec son ex-femme, et un rendez-vous professionnel foiré pour cause de libido mal placée…déjà c’est long, très long, TROP long (20 PUTAINS de minutes !! Oo) et, en plus, tout est fait pour nous persuader que Joe est un gros connard alcoolique et de nous le rendre totalement antipathique. Là où l’original nous montrait un homme banal mais pas spécialement mauvais (nous permettant de nous identifier à lui et de comprendre son désir de savoir pourquoi on lui a fait ça), ici on dirait qu’on souhaite faire du héros un martyr dont la séquestration sera pour lui une sorte d’épiphanie lui permettra de sauver son âme !! (et vive l'hypocrisie religieuse américaine !) On change totalement de vison là : trop moralisateur pour être honnête. Pareil pour les scènes chocs : la scène d’arrachage de dents est remplacé par une taillade de chair de cou sur lequel on met du sel. C’est pas trop mauvais, avec un petit côté sadique qui colle bien à l’ambiance générale, mais on perd le symbolisme de la vengeance du héros (dans la version coréenne, ce dernier décide d’arracher dès le départ 15 dents à sa victime : chaque dent représentant une année de séquestration !). Quand à la grande scène de baston dans le couloir en plan-séquence, le réal parvient à la rendre totalement anecdotique et sans saveur : filmé en deux parties avec un faux plan-séquence dont les raccords-fondus ne sont vraiment pas discrets entre les prises, cette séquence a beaucoup moins d’impact que l’originale vu qu’elle perd énormément en crédibilité (là où l’originale n’avait pas été chorégraphiée et où le héros se prenait pas mal de coups et s’arrêtait de temps en temps pour reprendre son souffle, rendant le tout extrêmement réaliste ; ici on dirait que tout a été orchestré par Donnie Yuen et Josh Brolin nous donne l’impression d’être totalement imbattable, un vrai super-héros, n’étant finalement jamais en danger…) Même la grandiose scène finale ajoute une honteuse histoire d’inceste très mal desservie par des flashbacks plus que putassiers, sans parler de l’absence totale de charisme du grand méchant. Pour sa défense, Spike Lee dénonce un remontage forcé par les studios, sacrifiant près de 35 minutes de pellicules sur l’autel de l’efficacité. Non, mais sérieux ? Arrêtes Spike : ton film est juste mauvais, un pur produit formaté pour les USA qui a foiré des scènes incontournables ainsi que la destruction psychologique de son protagoniste principal. Je ne pense pas (mais alors pas du tout) qu’une version longue pourrait sauver ton film tant l’ensemble manque cruellement de subtilité en plus de nous affubler d’un final assez honteux (une pseudo démonstration intello amenant une dénonciation des méfaits de la télé et se terminant sur une morale vomitive où tout va bien puisque tout le monde est une victime…WHAT THE FUCK ??!!!!) Et puis autre faute de goût justement : Spike Lee. Il y a quelques années, Spike Lee pouvait se vanter d’une réputation plus que positive car il avait réalisé de bons films ("Mo' Better Blues", "Malcolm X", "Summer of Sam") ; mais depuis "La 25ème Heure" (son dernier bon film), il est totalement en train de sombrer (voir les bides phénoménaux de "She Hate Me" et "Inside Man"). Je ne pense pas que Lee était l’homme de la situation, et en plus, il continue son habituelle démagogie au nom du peuple noir en polluant son film : celui qui a séquestré Joe ainsi que presque tous ses subalternes sont des blacks, l’affiche dans la chambre-cellule représente un groom black, le client et sa femme avec qui Joe a rendez-vous au début sont blacks, on a même failli avoir un acteur principal black puisque Will Smith avait été contacté en premier (étonnant qu’il n’est pas pris Denzel Washington…une fois de plus !!). C’est habituel chez Lee, mais c’est franchement lourd ce « black power » jusqu’à l’écœurement. Dernier point noir de ce "Old Boy" version US : une des grande force de la version coréenne demeurait l’hallucinant jeu d’acteur de Choi Min-sik. Malgré ses efforts, Josh Brolin ne fait pas le poids face à son congénère coréen et se contente de cabotiner sans saveur (sans parler du look ridicule qu’il a lorsqu’il a les cheveux longs avec la barbe !) : la plus mauvaise performance de toute sa carrière !! En parlant de cabotiner, on peut aussi noter les prestations (contre-performances plutôt) de Sharlto Copley et Samuel L. Jackson : le premier est plus que pathétique dans ses habits top bobo et ressemble plus à une parodie gay du perso original ; et le second surjoue à mort en gangsta cool nous balançant un foutu « motherfucker » à la fin de chacune de ses phrases (même dans les films de Tarantino il n’a jamais fait ça)…mais putain les mecs, qu’est-ce que vous êtes venu faire dans cette galère ?!!!
Au final, le "Old Boy" de Spike Lee est une honte envers le film original, occultant son nihilisme total et son absence de morale au sens strict du terme ; mais aussi un très mauvais film à la mise en scène d’une banalité affligeante, avec un casting totalement en roue libre (exception faite de Elizabeth Olsen, la seule à être juste), une écriture très grossière (tout est formaté pour être bien compris par le public visé…et encore, c’est plutôt raté aussi niveau compréhension) et dont les dernières minutes sont un summum de bêtise et de banalité. Un foirage total, absolument navrant…de toute façon, soyons franc, était-il vraiment nécessaire de faire un remake du chef-d’œuvre de Park Chan-Wook ? La prochaine fois, Messieurs les ricains, contentez-vous de doubler le film original : ça vous coûtera bien moins cher (depuis sa sortie aux USA, le film a à peine rapporter deux miilions de dollars pour un buget de plus de trente !!). En tout cas, je suis assez triste : je crois bien que je viens d’assister à la déchéance totale de Spike Lee…