C'est difficile de critiquer et noter ce film à part entière, sans le comparer à sa version de 2003. Je suis naturellement influencé par l'expérience que m'a fait vivre Park Chan-wook, et du coup j'ai d'abord questionné des personnes de mon entourage n'ayant vu que la version de Spike Lee.
Ce qui en ressort, majoritairement, c'est que le film a été plaisant, regardable, sans être transcendant. Où est donc passée la magie de la version coréenne, qui est classée comme l'un des chefs d’œuvre des années deux mille ? Les problèmes dans ce cas sont multiples.
Lors de ma première vision, et en essayant de faire abstraction au possible de cette comparaison, il m'a paru que le film a été fait " à la va-vite", et il y a un claire problème d'écriture qui se pose. Impossible d'éviter la comparaison, puisque le film reprend parfois des plans quasi identiques de son ainé. Quitte à assumer le fait de faire un copier-collé, autant bien le faire. Je m'attendais certes à moins d’exagérations, moins excentricité, de "folie", mais le résultat n'est pas aussi modéré : le film est plat. Les plans s'enchaînent, on regarde sans se poser trop de questions, et quand le climax final arrive, l'on reste de marbre.
Tout n'est pas à jeter dans cette adaptation, certains seconds couteaux sont bons (l'ami d'enfance, l'antagoniste), mais à quelques exceptions près, les jeux d'acteurs ne surprennent jamais (à croire qu'ils n'y croyaient pas eux-mêmes et s’ennuient) et l'on a jamais d'empathie pour le héro. Ce héro qui, joué par un pourtant bon Josh Brolin (No country for an old man !), est plat, et de peur de surjouer comme son homologue coréen (qui lui pour le coup créé un vrai lien avec le spectateur), ne nous fais rien ressentir. La scène finale, que j'attendais de pied ferme en me disant qu'elle allait sublimer ce film, n'a eu pour effet que d'accroître une frustration présente depuis au moins une bonne heure.
Le problème donc, ce ne sont pas les acteurs, mais l'écriture qu'on leur a réservé. Était-ce par volonté d'entrer dans une certaine forme de réalisme ? Ou de sobriété à l'américaine ? Je ne sais pas, mais à la place de la victime, après 15-20 ans d'emprisonnement, tout comme Oedesu d'ailleurs je n'hésiterait pas à me jeter sur la première humaine venue dans un ascenseur, rien que pour avoir un contact humain.
Oedesu a perdu pied, l'on sent pendant le film que qu'elle que soit la finalité, il ne saurait se réadapter facilement dans la société, voir pas du tout. Je voulais qu'il gagne, qu'il y ai une justice. Dire que j'ai fait preuve d'empathie est un euphémisme, alors que dans le remake, j'aurais presque souhaité la mort du personnage central.... Petite parenthèse, mais même la scène du poulpe vivant a été occultée, pourtant culte (Oedesu, mort à l'intérieur, qui mange un être vivant). L'écriture réservée au scénario et au développement des personnages est ratée. Pas de voix off nous renseignant sur la situation, mais surtout (!) sur l'état mental de la victime, principalement pendant l'enfermement.
Je pourrai encore avancer pas mal d'exemples et d'arguments pour défendre mon point de vue, mais à ce stade, ceux qui me liront auront compris l'idée. Je ne serai pas original en disant cela, mais pourtant c'est un réel constat : regardez ce film, appréciez-le éventuellement, mais surtout, allez voir la version de 2003 et faites-vous une opinion (et allongez la durée de vie de certains chefs d’œuvres !