Voila un remake qu’on n’attendait pas (ou, plutôt, qu’on n’attendait plus)… qui plus est avec la présence de Spike Lee dans le fauteuil du réalisateur ! Difficile de comprendre ce que le metteur en scène est venu faire dans cette production aux ambitions clairement commerciales, qui se contente de recycler, 10 ans après, le fantastique film de Chan-wook Park, dont la violence stylisée et surtout l’incroyable twist scénaristique lui avait assuré sa place au Panthéon des films cultes. Cette présence est d’autant plus incompréhensible que l’extraordinaire mise en scène du film original na laissait que peu de chances au remake de tirer son épingle du jeu. On ne sera donc pas surpris que cet "Oldboy" US s’inscrive dans la lignée des remakes, pas forcément ratés mais franchement sans intérêt. Pourtant, les scénaristes ont tentés d’apporter un petit plus à l’histoire, en essayant de perdre davantage le spectateur avant le révélation finale (le film original laissant davantage deviner ce renversement de situation) au point de rendre le plan du méchant encore plus tiré par les cheveux, en donnant
une autre version du "péché originel"
(sans que ça apporte quoi que ce soit à l’intrigue) ou en modifiant légèrement les relations entre les personnages… au point d’amoindrir la portée dramatique du récit
(le fait que le héros soit un père absent affecte le traumatisme final, le fait qu’il soit divorcé rend le personnage de l’ex-femme moins "essentiel" lors de sa mort…)
. Bref, l’intrigue souffre de son passage en terre américaine… et ce n’est pas la mise en scène qui vient relever le niveau. Rien de déshonorant, certes, mais cette réalisation trop sage ne peut être acceptable lorsqu’on s’attaque à un monument comme "Old Boy",
dont la baston à coup de marteau filmé en plan séquence est encore dans tous les esprits
! Cette scène, bien moins impressionnante dans le remake (pourquoi l’avoir reprise d’ailleurs ?), est symptomatique de l’échec du film sur le plan du renouvellement visuel, tout comme la BO passe-partout qui ne peut décemment espérer rivaliser avec celle du film original. "Oldboy" souffre donc d’un grave problème d’identité, Spike Lee n’étant jamais parvenu à s’approprier le sujet. Pire, il se vautre dans la caricature de son propre cinéma lorsqu’il impose au casting ce pauvre Samuel L. Jackson, affublé d’au look ridicule, visiblement chargé de faire du prosélytisme pro-black… et ce sans que le scénario ne le justifie de la moindre manière ! Quant au reste du casting (Josh Brolin en héros paumé, Elizabeth Olsen en complice malgré elle, Sharlto Copley en grand méchant…), il ne démérite pas mais peine à faire oublier l’incroyable interprétation des acteurs d’origine. Seul point positif du remake par rapport à son modèle : la réaction finale du héros
(qui s’efface totalement de la vie de sa fille)
parait plus cohérente… même si cette conclusion ne bénéficie pas de la même licence poétique que celle voulue par Chan-wook Park. Bref, "Oldboy" n’est pas un mauvais film mais simplement un remake inutile et, en tout état de cause, inférieur de beaucoup à l’original !