Ma Note : Pas Mal du Tout/ A voir – 3.5/5
The Beaver a été pour moi la petite surprise du moment.
Pas du tout partie pour voir ce film, me voilà pourtant dans la salle obscure, pas convaincue par le potentiel d'un Mel Gibson dans ce que je craignais être une comédie. Et bien pas du tout !
Tout d'abord, le Complexe du Castor n'est pas une comédie. C'est même un drama très sombre sur un quinqua tellement au bout du rouleau, que lorsqu'il n'arrive même pas à se suicider, il subit une sorte de dédoublement de la personnalité mâtiné de détachement total de la réalité. Comme l'explique la Carte du Castor, Walter est actuellement indisponible, mais le Castor est là pour assurer l'intérimaire.
J'ai apprécié la réalisation de Jodie Foster. J'avoue n'avoir vu aucun film d'elle derrière la caméra, mais j'ai trouvé sa manière de filmer intelligente, alternant les plans de Walter et de la marionnette (parfois des deux, avec l'un flouté en arrière plan) et nous permettant de nous mettre à la place des personnages et de leur perception de la folie de cet homme, y compris de son propre point de vue. Certains lui ont reproché sa 'platitude'. Sans doute les mêmes qui auraient crié à l'horreur si son film n'avait été que montagnes russes, accentuant le pathos à outrance, ou, au contraire, l'atténuant par honte. Un sujet tel que la dépression et la démence est suffisemment proche du quotidien de chacun pour qu'il soit manipulé avec subtilité, et pour moi, elle y est parvenue.
Les acteurs font tous un travail correct, bien que j'aurai peut-être vu quelqu'un d'autre jouer Meredith, plutôt que la réalisatrice. Gibson surprend dans ce rôle difficile, à vingt millions d'années lumières des personnages vindicatifs et vengeurs dont il a l'habitude. Et pendant la dernière partie du film, les dires de son(ses) personnage(s) résonnent de l'accent de la vérité d'un homme éprouvé par le temps et la vie.
L'intrigue (pas si) secondaire du fils effrayé par ce qu'est devenu son père demeurent intelligente, même si parfois un peu lourde, mais le personnage de Norah apporte suffisamment de chaleur et d'étrangeté à ces passages pour qu'ils en demeurent intéressants à suivre.
Le film a globalement subi un tollé de la part des critiques américaines, mais je crois réellement qu'il ne s'agit là que d'une condamnation pour les récents évènements révélés sur la vie de l''acteur principal. Je pense qu'au contraire, le vécu de Mel Gibson et de Jodie Foster, ex-enfant star, font de ce film ce qu'il est : un drame insolite, sensible et sombre sur une famille traversant une des épreuves les plus communes qui soit - la maladie d'un être cher. Tout simplement.