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gimliamideselfes
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3,0
Publiée le 18 octobre 2014
Le souci, c'était que je savais ce que j'allais ne pas voir vu que j'ai cherché la fiche du film sur wikipedia juste avant de le voir... Du coup... Ben disons que ce mépris qu'on se prend en pleine gueule est moins violent que si je pensais juste voir un truc qui ressemblerait à la société du spectacle. En fait le film lors de sa projection en 1952 avait entraîné des bagarres dans la salle et je dois dire que je comprends tout à fait, on se retrouve face à un truc tellement autre, tellement incompréhensible et qui n'a même pas pour vocation d'être regardé, qui ne fait rien pour épargner la moindre chose à son spectateur... Si tu ne sais pas ce que tu regardes, tout simplement tu deviens fou.
Parce que c'est une pure expérience de non cinéma, pousser le concept de "cinéma" jusqu'à l'absurde pour que ça n'en soit plus et avec un mépris total pour celui-ci. Quelqu'un part on n'est pas très loin d'un type qui ferait exprès de faire le truc le plus insupportable possible pour montrer tous les défauts du cinéma. Parce que c'est un film que j'aurai aimé voir à sa sortie, dans la salle, parce que forcément, ici, sur mon canapé, il y a un remède très simple à l'ennui : l’assoupissement, et j'ai lutté ! Je voulais endurer le truc en entier, je l'ai regardé jusqu'au bout !
Bien sûr que c'est insupportable et irregardable... bien sûr que ce n'est pas fait pour t'épargner la moindre frustration, c'est fait pour être pénible, pour mépriser, pour être méprisé par ceux qui ne veulent pas comprendre, qui ne peuvent pas comprendre un film qui n'est sans doute pas fait pour être compris... Et comme l'art, le cinéma, n'est peut-être pas fait pour être forcément une expérience regardable, une expérience plaisante... Quelque part, c'est génial...
Parce que toi ça te pousse dans tes derniers retranchements, vu que le film n'est même pas fait pour être beau.
Cependant avec sur jeu sur le fond noir et le fond blanc, j'ai malgré tout quelque chose à dire, Bresson disait que le cinéma parlant avait inventé le silence... Ce qui est vrai... Là Debord quelque part (après il n'est pas le premier il semblerait Wolman a fait un film similaire juste avant) invente l'absence d'image (on n'a pas de mot en français pour dire ça, si ? la cécité ?) et comme lorsqu'on n'a pas de son, ça veut dire quelque chose, le fait de ne pas avoir d'image veut aussi dire quelque chose par son absence de présence.
Et puis il y a ce mépris final avec ce dernier plan, qui dure une plombe... plus de vingt minutes...
Quelque part fallait oser. Bien sûr je suis complètement partagé parce que j'ai malgré tout cette impression et c'est le cas, que Debord s'est ouvertement foutu de moi, mais quelque part ça fait poser les bonnes questions, ou du moins des questions, sur le cinéma, le spectacle.
Je n'aurais sans doute jamais rien écris au sujet de ce "machin" si la BNF n'avait pas eu l'idée saugrenue de le sortir de l'oubli (mars 2013). Ça se compose d'écrans totalement blancs, sur lesquels une voix off débite des aphorismes divers et des extraits du code civil, ainsi que d'écrans noirs sans aucun commentaires... et cette mauvaise plaisanterie dure 64 minutes. Inutile d'ajouter que c'est absolument irregardable. L'un des aphorismes entendu est de Debord lui-même "Il n'y a pas de film. Le cinéma est mort. Il ne peut plus y avoir de film..." Ben non, justement le cinéma n'est pas mort et 60 après les délires de Debord sur l "impossibilité du cinéma" résonnent comme ce qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être : une imposture !