Remake de son propre "L.A Takedown", téléfilm réalisé en 1989 pour la NBC, Michael Mann réalise avec "Heat" la version définitive, en quelque sorte, du dit téléfilm mais cette fois-ci en faisant affronter deux légendes du cinéma, Al Pacino et Robert DeNiro. L'intégralité de la réputation du film est centré sur cette confrontation, mais comme toujours chez Michael Mann, ce serait passer à côter d'une réalisation exemplaire. Du côté du scénario, on a affaire à un bon polar urbain, mature et violent sans non plus être des plus originaux. Un lieutenant de la police de Los Angeles, Vincent Hanna (Al Pacino) tente par tous les moyens d'arrêter un groupe de truands menés par Neil McCauley (Robert DeNiro), point. Ajoutez les éternels rebondissements et retournements de situation. Le point le plus intéressant de ce "Heat" réside dans le traitement des deux personnages principaux, aux principes opposés qui pourtant paraissent bien plus proche qu'il n'y paraît. Tout l'arc scénaristique tourne autour des personnages joués par Pacino et DeNiro. Au premier abord, on a Hanna, personnage véreux, limpide, qui n'hésite pas à recourir aux méthodes les moins en règle pour dénouer ses affaires. De l'autre côté, on a McCauley, certes truand mais à la psychologie plus "gentleman" et calme que son alter ego du LAPD. Et lentement, durant les 2h45, cette psychologie va s'inverser,
faisant d'Hanna celui qui obtiendra sa rédemption tandis que McCauley finira par s'enliser dans la lâcheté et la facilité en abandonnant la femme qui l'aime.
Michael Mann parvient à trouver le juste équilibre dans son scénario mêlant action et vie intime des protagonistes. Vient s'ajouter un troisième individu dans la lutte, celui interprété par Val Kilmer. Moins important que Pacino et DeNiro, il n'en demeure pas moins intéressant. Rongé par son "métier" de truand et l'amour qu'il éprouve pour sa femme et son fils, ses sentiments vont et viennent, et s'inscrit parfaitement entre les états d'âmes privées des personnages campés par DeNiro et Pacino.
Côté réalisation, je ne vais pas m'étaler là-dessus étant donné que c'est du Michael Mann tout craché. La caméra est manipulée avec toujours cette aisance particulière et donne de merveilleux plans de nuit comme de jour. Même si les séquences de nuit restent merveilleuses, comme dans la scène ou DeNiro flirte avec Amy Brenneman sur un balcon, devant les lumières de la ville. Mise en scène excellente, bon scénario, "Heat" est une bonne cuvée signée monsieur Mann. Comme d'habitude serait-on tenté de dire.