Expendables a bénéficié évidemment d’un gros écho du fait de son casting imposant. Sincèrement, j’attendais un peu plus.
Les acteurs sont bons, là-dessus il n’y a rien à dire. Chacun s’amuse vraiment, ils sont convaincus, et transmettent bien leur bonne humeur au spectateur. Bien sur aucun n’est un modèle en terme de jeu d’acteur (sauf Éric Roberts, très crédible dans son rôle de méchant, et David Zayas n’est pas mauvais non plus), mais c’est correct. Le problème vient surtout de la gestion de tout ce petit monde. Clairement ce sont Stallone et Statham qui occupe les ¾ du métrage, les autres acteurs faisant leur petit numéro le temps d’un ou deux passages, mais n’ayant finalement que peu de consistance et peu d’intérêt. Ainsi Rourke, Lundgren, mais surtout Jet Li, Couture et Crews sont nettement sous-exploités (sans oublier le pauvre Gary Daniel, presque totalement éclipsé). Je ne compte la brève apparition de Willis et de Schwarzenegger, puisqu’il s’agissait surtout de réunir les trois pontifes du cinéma d’action pour la légende plus qu’autre chose. Du coup Expendables ressemble surtout à un passage de témoin entre Stallone à Statham.
Le scénario est lui aussi un peu faible. Bien sur on n’attend jamais du Hitchcock d’un tel film, mais enfin j’ai trouvé tout de même qu’il n’y avait pas là de grandes ambitions. C’est dommage finalement de ne pas avoir cherché à proposer quelque chose d’un peu plus chiader qu’une série B de base. Il y a des références bienvenues (notamment au Commando de Lester avec Schwarzie), mais c’est juste. Par ailleurs le film mêle assez mal l’esprit rigolard et l’action musclée. Ces deux aspects ne sont pas suffisamment entrelacés, et apparaissent plutôt chacun leur tour. A noter que si quelques répliques sont amusantes, Expendables n’est pas aussi fun qu’un bon vieux Die Hard, ou que le Commando susnommé. En revanche c’est rythmé, rien à dire, et il y a quelques surprises notamment avec le personnage de Zayas.
Sur la forme, c’est inégal. La mise en scène est faiblarde. J’ai été surpris de la part de Stallone, mais il n’est pas au niveau de John Rambo ici. Les scènes d’action sont assez peu lisibles, trop brouillonnes, elles ne mettent pas en valeur les qualités athlétiques et martiales des protagonistes. Si quelques moments surnagent, notamment sur la fin, et si les effets pyrotechniques sont solides, c’est dommage de ne pas avoir un bon combat de Statham, de Jet Li, ni un affrontement de champions entre Couture et Austin. La photographie est convenable. C’est pas très original, parfois un peu sombre, mais enfin dans l’ensemble je ne vais pas chipoter là-dessus. Les décors eux restituent assez bien l’ambiance cubaine de l’île, et sont bons. Les effets spéciaux pour leur part ne sont pas toujours top. Clairement Stallone a voulu faire un bon film d’action à l’ancienne, c’est une intention louable, mais malheureusement le sang numérique gâche un peu ce plaisir. Il y a notamment une séquence de libération de Gisèle Itié fort moyenne. L’usage du numérique encore pour le feu envahissant Austin offre un rendu discutable, une artificialité qui tranche avec le reste du film. Enfin, je conclurai logiquement sur la musique. Bonne bande son. Elle aurait peut-être pu être meilleure, mais elle passe bien.
Pour conclure, Expendables est un film correct, mais qui s’est sans doute un peu reposé sur ses lauriers. Gros casting, gros capital sympathie en semblant accomplir un rêve d’enfant chez beaucoup de cinéphiles fan d’action, Expendables ne s’est pas cassé la tête avec son scénario, ses personnages, et offre un travail formel un peu imparfait, souffrant surtout d’une mise en scène branlante. Il réjouira sans problème un public pas trop exigeant, ceux qui voulaient un casting culte pour un film culte seront surement déçus.