Depuis l'annonce du nouveau long-métrage de Stallone et de son casting ahurissant, dire que je l'attendais de pied ferme serait un euphémisme. Voir tous nos héros d'action movies cultes des années 80-90 réunis en un seul film, c'est juste un rêve de gosse qui se réalise. Restant sur un John Rambo impressionnant de violence et d'efficacité, Sly avait toutes les cartes en main pour nous pondre le film badass de l'année. A-t-il réussi son pari ?
Je répondrais par l'affirmative, du moins en partie. Disons-le tout de suite, le but premier d'un film comme The Expendables est de nous en mettre plein la vue. Et de ce côté-là, l'objectif est parfaitement rempli. Les scènes d'action sont littéralement explosives. Sly fait tout péter à l'écran dés que l'occasion se présente, jouant parfois même un peu trop la carte de la surenchère. Dés la scène d'introduction sur le cargo, servant à présenter les protagonistes, on comprend tout de suite que ça ne va pas faire dans la dentelle, même si on n'atteindra jamais la violence crue et réaliste d'un John Rambo. D'ailleurs la comparaison s'arrête ici, car là où ce dernier était éprouvant et viscéral, The Expendables ne se prend aucunement au sérieux, du début à la fin.
Les scènes de combat et de gunfight sont pour la plupart très réussies, même si certaines ont été un peu plus baclées que d'autres. Parfois brouillonnes au niveau des mouvements de caméra, elles bénéficient surtout d'un montage ultra-dynamique et de cadrages ingénieux, poussant le côté explosif et bourrin à son paroxysme. La dernière demi-heure du film fait monter notre adrénaline au maximum, avec une démonstration des "talents" de chacun des membres de l'équipe, donnant aux scènes d'actions une variété non-négligeable, même si certains passages sont un petit peu décevants (la fight Austin/Couture). La mise en scène est donc relativement convaincante et suit la logique du genre en mettant en relief les personnges à grand renfort de gros plans et de contre-plongées.
Le scénario quant à lui reste dans la veine des action-movies dont le film s'inspire. Les gentils vraiment gentils d'un côté, les méchants vraiment méchants de l'autre (Eric Roberts ultra-classe, Steve Austin le gros bad boy de service), un traître pas vraiment traître au milieu, une fille à sauver, bref du classique. Mais si Sly privilégie évidemment l'action, il ne relègue en aucun cas ses protagonistes au second plan. La relation entre son personnage et celui de Statham est assez touchante, on sent tout de suite que ce sont des frères d'arme prêt à mourir l'un pour l'autre. J'ai vraiment adoré toute la scène de repérage sur l'île. Statham a pour lui les scènes de combat les plus impressionnantes et le personnage le plus approfondi, mais les autres membres de l'équipe ne sont pas en reste. Comme dit plus haut, chacun utilise une capacité différente (les couteaux pour Jason, les flingues rafales pour Sly, le fusil-mitrailleur et ses munitions qui font des trous de 30 cm de diamètre pour Terry Crews...), ce qui permet de renouveler les scènes d'action. J'ai bien aimé Jet Li qui joue le rôle du comique, celui qui se fait chambrer par toute l'équipe du fait de sa petite taille, même si finalement il reste assez en retrait. J'ai beaucoup apprécié le rôle de Rourke, sorte de vieux sage qui a tout vécu et qui est comme un père pour Sly et Statham. Et j'ai peut-être encore plus apprécié le rôle de Lundgren, personnage beaucoup plus complexe qu'on pourraît le croire aux premiers abords. Les autres sont un peu plus effacés mais ils ont néanmoins tous leur 1/4 d'heure de gloire. J'ai par contre été un peu déçu par la relation Statham/Carpenter qui sert juste à introduire la scène du terrain de basket, et par le rôle de David Zayas, assez minimal par rapport à l'histoire (On voit tout de suite que c'est Roberts qui tire les ficelles).
Des défauts, le film en a malheureusement, même si ça n'entrave quasiment pas le plaisir régressif procuré. Apparemment, il ne devait pas y'avoir de script sur le tournage, car on peut dénombrer pas mal de faux-raccords, et d'enchaînements de plans assez bizarre par rapport à l'utilisation de l'espace. De plus, le rythme n'est pas toujours excellent, la faute à un montage un peu trop rapide par moment au niveau des ellipses, notamment pour l'introduction de la séquence de fin, l'équipe revient sur l'île bien trop vite. Sans doute que le film est un peu court. Les CGI et les décors en carton-pâte ne sont pas toujours convaincants. Bref, esthétiquement, Sly s'est mis en mode mineur.
Je ne pourrais conclure cette critique sans aborder LA séquence du film. Je parle évidemment de la rencontre entre Sly, Schwarzy et Willis. C'est bien simple cette scène est extraordinaire et déjà culte. Elle regroupe toutes les punchlines les plus drôles du film et alignent les références en pagailles. Savourez, parce que ça ne dure pas longtemps.
Malgré ses défauts, Sly envoie la sauce avec son divertissement régressif, explosif et sévèrement burné.