Carnet de bord d’un Ulysse homosexuel qui pose le pied dans cette ville fantasmée depuis des années, il lui semble alors possible de tout reprendre à neuf, se perdre topologiquement, temporellement, mais il finit par succomber aux charmes de Calypso locaux, retombe dans les rituels fétichistes, la quête de partenaires multiples, retrouvailles réelles ou de fiction, lecture de notes de voyage rédigées littérairement, en voix off, découpée et mixée sur un agencement inspiré, montage de prises de vue, regard extérieur sur Buenos Aires, qui pourraient dater de six mois comme d’il y a vingt ans, de scènes de rue quotidiennes, façades, enseignes, graffiti, carrefours, voitures, passants, clochards, apparition récurrente, striée de musique et de poèmes argentins, du vieil homme dansant (fantôme de Borges ?), ou alors repliement à l’intérieur, couloirs et chambres d’hôtel où séjourne le conférencier-filmeur, de scènes de sexe filmées ingénieusement, faussement volées, de plus en plus déroutantes, bien qu’on ne distingue rien très nettement, images bougées, caméra placée entre les amants, plans très rapprochés. On se retrouve embarqué dans la proximité la plus intime et impudique de pratiques sexuelles très particulières, livrées dans cette crudité finalement insoutenable, éclaboussante.