Cher Mathias Gokalp,
Rassurez-vous, cela n'a rien de personnel. Je sais bien qu'il s'agit de votre premier film, mais le sempiternel bon coeur de la critique a décidé, cette fois, de ne pas être au rendez-vous. Ne confondons pas empathie et respect pour le travail d'autrui. Pour être franc, votre film m'a paru détestable, mais pour autant, aucune raison de cracher dessus à titre vengeur (car, quelle vengeance?). Non, je me rends compte des moyens déployés, du travail qui a été nécessaire, des peurs, des doutes du métier quand l'on plonge la tête la première dans la cour des grands (casting quatre étoiles et festival de Cannes, s'il vous plaît!). Seulement voilà, vous avez beau être un jeune nouveau, qui plus est du cinéma français, je n'ai aucune raison, pas même une lichette de patriotisme mal dissimulé, pour défendre votre film, tout simplement parce que celui-ci m'a noyé dans un ennui massif contre lequel même la force de mes deux bras n'a pu lutter. Je vous reconnais une certaine assimilation de l'écriture à fragment (quoique plus d'ambition que de codes maîtrisés), et même un sens de la mise en scène qui, ma foi, n'a pas forcément à rougir de quiconque, car voilà, dans toute cette foule, votre objectif n'est jamais au mauvais endroit, sans être vraiment au bon non plus à vrai dire. Mais vous n'êtes pas Robert Altman. Peut-être d'ailleurs n'avez vous jamais voulu y ressembler ou prouver quoique ce soit, mais l'on ne peut s'empêcher, malgré la différence du style, de revenir à la comparaison de ce virtuose de l'architecture artistique. Votre film, lui, manque des fondations essentielles pour bâtir tel récit en un lieu commun qui aurait vite tendance à nous arracher bâillements et fléchissement de la colonne vertébrale. Il ne suffit pas (attention, cela n'a rien d'une leçon), de coller des vignettes de dialogues les unes aux autres en les répétant le nombre de fois qu'il vous chante pour créer tension et attention. Le principe des différents points de vue vir