Ce film appartient à une catégorie bien française, la "comédie d'entreprise" (Que les gros salaires lèvent le doigt, etc....), dans laquelle on est généralement plutôt bons! Ici, il s'agit d'un séminaire de motivation en situation de cocktail, au cours duquel les cadres sont censés rencontrer leur "référent". En fait, la boite va être vendue, il faut licencier une bonne poignée de cadres. Au début, tout cela paraît confus parce que l'histoire est racontée, en différents chapitres, à travers les points de vue successifs de différents protagonistes; petit à petit, les choses apparaissent dans leur vérité, c'est comme un mille feuille de vie! Telle scène, interprétée par le spectateur d'une certaine façon dans la première demi heure, on la verra de façon différente à la fin du film... Le scénario est excellent, et l'interprétation, idéale. Jean-Pierre Darroussin, joue irrésistiblement le looser, avec ses mimiques de chien battu. Denis Podalydés, souvent agaçant, est très bon ici en délégué syndical convaincu, Mélanie Doutey en petite cadre pétulante, jolie comme un coeur; Zabou Breitman, affublée d'un mari porté sur la bouteille (Bouli Lanners) joue les maîtres de la cérémonie tandis que le président général, génial Pascal Gréggory, chante des mélodies de Chabrier entre deux séquences de rencontres de travail... Ne pas oublier Frédéric Bonpart, le technicien de surface qui, découvrant qu'il vient d’être viré, enfile un élégant costume laissé en dépôt et se mêle aux invités, ce qui aura une influence non négligeable sur le déroulement de la soirée. Vous avez l'impression qu'il y a quelques longueurs? Pas de souci, vous comprendrez plus tard leur raison d'être. Mathias Gokalp est un bon, c'est sûr, on va le suivre le gamin! Ça, c'est exactement ce que le cinéma français sait faire de mieux. Drôle sans une trace de vulgarité, sur une trame de fond intelligente qui reflète les horreurs de notre temps, avec, on l'a déjà dit, un très rusé scénario.