« Beau-père » sorti en 1981, le président Giscard d’Estaing ayant supprimé toute censure six ans plus tôt. De nos jours un tel film ne trouverait ni producteur, ni distributeur et sans doute ni acteur et ni équipe technique. Il faut dire que dans le détournement de mineur aucun film, à ma connaissance, n’est allé aussi loin, décrivant une relation amoureuse et charnelle entre une adolescente de quatorze ans et son beau-père. Malgré une délicatesse certaine et inhabituelle chez le cinéaste, le film passionne et, émeut autant qu’il peut mettre mal à l’aise. Arielle Besse qui avait quinze ans au moment du tournage, n’avait pas encore un corps de femme, augmentant à chaque scène dénudée l’impression de se retrouver dans une glorification de la pédophilie. Reste un film magnifique sur des êtres mal dans leur peau, à commencer par Rémi, musicien raté qui ne s’est pas remis de la mort de sa femme, accroché à sa belle fille qu’il aime comme sa fille et qui le considère comme son père, apportant ainsi un côté incestueux à leur relation. Cette belle fille qui ne peut pas vivre avec un père alcoolique (Maurice Ronet) qui pourtant espère qu’en la récupérant il pourra endosser la responsabilité paternelle en cessant enfin de boire. Rémi a la chance d’avoir Nicolas (Maurice Risch excellent), un ami fidèle, également musicien, qui le soutient à la fois moralement et matériellement, travaillant la nuit pour ne pas sombrer financièrement avec sa famille. Et enfin, Charlotte, concertiste reconnue, éclaire la fin d’une manière quelque peu irréelle, interprétée par la charmante et gracieuse Nathalie Baye.
Elle est la bouée de sauvetage de Rémi, qui par lâcheté existentielle, va passer à côté d’une véritable histoire d’amour, laissant, presque détaché, Marion retourner chez son père.
Abandonnant la plupart du temps les bons mots et réparties cinglantes, Blier à ciselé des dialogues avec une finesse insoupçonnable jusqu’alors. Par contre, si la musique originale d’Alain Sarde (Stéphane Grappelli et Eddy Louiss comme interprètes) est excellente, le choix de Bach, de surcroit retranscrit au piano, est un non sens.