Vengeance n'est pas le polar que j'attendais avec impatience. Une déception qui reste néanmoins en demi-teinte. Le maître Hong-Kongais ne se renouvelle aucunement ici. La trame scénaristique, une bonne vieille vengeance, sur fond de triade, est simpliste au possible, et ressassée jusqu'à écoeurement. La fin est invraisemblable car totalement abusée (je ne vais pas spoiler). On retrouve hélas certaines valeurs chinoises traditionnelles telles que le don de soi au service du groupe ou d'une figure allant jusqu'au sacrifice, le courage et l'abnégation. Ce n'est évidemment pas le fond qui nous emballe. La forme par contre, force l'admiration. De la part de To, c'est une ligne de conduite habituelle. Les gunfights sont proprement hallucinantes (les assassinats, celle au clair de lune, en appartement où les héros orchestrent une descente d'escaliers millimétrée en se couvrant l'un l'autre, sur terrain vague avec le vent...). La mise en scène est extrêmement minutieuse. Les couleurs sont magnifiques, apportant une certaine poésie visuelle. To comme à son habitude (façon The mission ou Exilé), s'amuse avec les objets (cerceau de couleur, bicyclette, parapluie, stickers et j'en passe), apportant ainsi un côté ludique très sympathique. Il ajoute quelques situations cocasses pleine de tendresse. Johnny Hallyday incarne une race de tueur improbable et astucieuse, tantôt impitoyable, tantôt presque juvénile et touchant. Son mal amnésique est judicieux, amenant un peu d'originalité et une scène troublante sous la pluie, où grâce à ses photos, il reconnait ses acolytes (jolie histoire d'amitié par ailleurs). Sa prestation sans être transcendante, bancale, est magnétique (clin d'oeil à Melville pour le look, To s'apprêtant à réaliser le remake du Cercle rouge). La bande originale est délicate, classe. To, metteur en scène de génie, réalisant plus vite que son ombre, livre un polar sans audace ni surprise, mais efficace, dont la beauté visuelle à nul autre pareil est majestueuse !