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    Animal Kingdom
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Animal Kingdom" et de son tournage !

    Note d'intention

    Lorsqu'il découvre la scène criminelle de Melbourne, David Michôd s'y passionne immédiatement : "Je désirais comprendre comment les gens font pour vivre une existence où les enjeux sont si énormes, où faire une erreur peut vous coûter la vie ou vous conduire en prison, où tout un pan de la société vit à la frontière de ce que nous considérons comme moral et correct." Avec Animal Kingdom, il a voulu "créer une histoire criminelle australienne tentaculaire, avec plusieurs strates et niveaux de lecture, dont le casting puisse être à l'image des criminels qui se mêlent à “la société normale” et que nous croisons constamment, sans même nous en rendre compte."

    Ecriture

    Voilà plus de neuf ans que David Michôd porte Animal Kingdom en lui. Originaire de Sydney, il a eu l'idée de s'intéresser à des criminels lorsqu'il a déménagé à Melbourne. Une fois revenu à Sydney, il a écrit une première version du scénario : "Ce fut une expérience très stimulante et gratifiante. Mais au final, pratiquement rien de ce qui figurait dans les premières versions n'est resté". Pendant les huit années suivantes, il se consacre à d'autres projets mais finalement, Animal Kingdom ne cesse de remonter à la surface.

    Pourquoi Melbourne ?

    Si Animal Kingdom se déroule à Melbourne, ce n'est pas un hasard. Cette ville australienne nourrit une fascination toute particulière pour ses criminels, comme l'explique David Michôd : "Ces gens peuvent littéralement passer aux infos et faire la “Une” des journaux pour leurs crimes, puis se retrouver propulsés star de la télé réalité. Ce genre de choses n'arrive pas, par exemple, à Sydney. Ça ne veut pas dire que Sydney n'ait pas de gangs puissamment installés ou qui continuent à se développer, mais la ville ne les a pas mis sous le feu des projecteurs." Le cinéaste désirait également filmer Melbourne sous un autre angle : "On pense toujours à son côté un peu pittoresque, à cette architecture victorienne, ces jardins luxuriants et ces tramways. En réalité, c'est un lieu beaucoup plus vaste et angoissant, un gigantesque désordre urbain, que j'adore."

    Premier film

    David Michod étudie l'art à l'université de Melbourne avant de s'engager dans des études de cinéma. Il est rédacteur en chef d’Inside Film, l’équivalent australien du Film Français, de 2003 à 2006 et se lance dans la réalisation de courts métrages remarqués tels que Ezra White, LL.B. (2006), Crossbow (2007) ou encore Netherland Dwarf (2008), présenté au Festival de Sundance en 2009. Animal Kingdom lui permet de passer du court au long métrage avec succès. Notons que c'est aussi la première apparition à l'écran de James Frecheville, héros du film.

    Une plongée dans un monde inconnu

    Animal Kingdom suit Josh, un jeune homme de 17 ans qui découvre la famille Cody, des criminels qui traversent une crise. "Inscrire Josh au cœur de ces évènements était une manière idéale d'entrelacer leurs univers, dans la mesure où je ne voulais pas que Animal Kingdom ait l'air d'être un film sur un gamin, mais plutôt sur quelqu'un qui se retrouve propulsé dans un milieu qui risque de se retourner contre lui", explique le réalisateur. Guy Pearce poursuit : "Ce film a un style particulier. Il fonctionne sur une énergie potentielle, sur tout ce qui est caché sous la surface, ce qui permet aux spectateurs de se dire : “Comment je réagirais si j'étais à sa place ?” C'est vraiment fascinant."

    Déclin

    Animal Kingdom est un film sur le déclin d'une certaine criminalité et le déchirement d'une famille. Un sujet qui passionne le réalisateur : "Cette époque [les années 80], particulièrement dangereuse et ténébreuse dans l'histoire de Melbourne, constitue un tournant. Les braquages à main armée, envisagés par certains comme une “profession”, ne font plus recette. C'est une période de déclin pour les truands à l'ancienne et la génération des bandes organisées, spécialisées dans le vol des banques. L'avènement d'une brigade de répression du banditisme endurcie marque aussi la fin du flic de la vieille école. Cette mutation profonde, qui touche à la fois le milieu policier et celui du crime, et l'animosité palpable qu'elle a suscité dans chaque groupe, n'ont jamais cessé de me fasciner."

    Changement de producteur

    Liz Watts, productrice australienne aguerrie, remplace en 2006 Bec Smith suite au déménagement de ce dernier aux États-Unis. Elle collabore avec David Michôd depuis son court-métrage Crossbow : "Je n'avais jamais vu le travail de David jusque là. (...) Quand j'ai vu “Crossbow” en salle de montage, j'ai été impressionnée. C'était profondément original, et on sentait la force du réalisateur. Nous avons évoqué la direction que Animal Kingdom était en train de prendre et David m'a convaincue de m'atteler au projet. Il a retravaillé plusieurs versions afin d'affiner la structure et de développer le cauchemar dans lequel le personnage de Josh s'enfonce progressivement. J'ai adoré l'ampleur des personnages et le fait qu'ils semblent aussi forts et réels."

    Josh

    C'est James Frecheville, jeune premier, qui incarne Josh. Il a été choisi parmi plus de 500 garçons venus des 4 coins d'Australie. "Comme Josh est le personnage central, nous avions besoin de quelqu'un qui puisse se mesurer à des acteurs beaucoup plus expérimentés" explique Liz Watts. Pourtant, James Frecheville ne répondait pas aux attentes du réalisateur, qui recherchait plutôt un garçon au physique androgyne, "aux allures de dandy et légèrement dépressif". Au final, son allure robuste a permis de rendre l'histoire plus crédible : "Soudain le film prenait une tournure différente et devenait plus plausible qu'avant.Avec son apparence plus mature, il était concevable que ses oncles lui permettent de prendre part à leur univers. D'une certaine manière, sa présence a élevé les enjeux. Parce qu'il ressemble à un homme, les gens s'attendent à ce qu'il agisse en homme, oubliant qu'au fond il n’est qu'un adolescent maladroit", commente le réalisateur.

    Dans la famille Cody, je demande la mère ...

    Smurf Cody, très présente dans la vie de ses fils, est la figure parentale centrale de la famille Cody. Une femme qui cache bien son jeu, comme l'explique son interprète, Jacki Weaver : "Smurf est une sociopathe doublée d'une psychopathe, et qui a fait de ses trois fils des psychopathes. Elle est d'autant plus effrayante qu'elle donne l'impression d'être normale, voire même sympathique, avec l'immense affection qu'elle prodigue à ses enfants." David Michôd ajoute : "Je ne voulais pas que Smurf soit une vieille grincheuse. Je souhaitais qu'elle ait les qualités de Jacki - une sorte de délicieuse ingénuité. Elle est très intelligente et charmante, au point que c'en est presque désarmant." Jacki Weaver, grande actrice du théâtre australien et vue dans Pique-nique à Hanging Rock, a été nommée à l'Oscar du meilleur second rôle pour sa prestation dans Animal Kingdom.

    Pope et Baz, les braqueurs

    Pope, le fils aîné de la famille Cody, et son ami Baz ont mené une carrière de braqueur. Tandis que Baz comprend que les braquages ne rapportent plus et investit son argent, Pope ne s'adapte pas à cette nouvelle criminalité où les dealers sont les rois. Joel Edgerton décrit son personnage Baz : "Ce n'est pas un citoyen modèle, mais je crois que ça reste un type bien, qui représente une figure paternelle possible pour Josh, ou en tout cas la seule à peu près convenable à laquelle il puisse avoir recours à ce moment-là." Pour Ben Mendelsohn, Pope "n'est pas quelqu'un de très équilibré, mais plutôt un homme qui vit au sein d'un petit monde en pleine déchéance. Ce n'est pas quelqu'un de particulièrement motivé, il se contente plutôt de réagir à différentes situations. C'est parce qu'il n'a pas les bonnes méthodes pour s'adapter aux changements qu'il réagit violemment."

    Le cadet

    Craig Cody, le cadet de la famille, est un dealer lui-même toxicomane. "(...) Craig est vraiment taré, mais je savais aussi qu'il fallait trouver quelque chose qui fasse qu'on ait de l'empathie pour lui (...). Il prend beaucoup de place, mais au fond on finit par comprendre que c'est plutôt un matou inoffensif. Sullivan en est l’incarnation parfaite. C'est un type adorable, enthousiaste, et c'est exactement comme ça que j'imaginais Craig", commente David Michôd. Craig représente également une menace pour son grand frère Pope, d'une part parce qu'il gagne plus d'argent que lui et parce qu'il est le seul capable de prendre sa place de chef de famille.

    Le benjamin

    Darren Cody est le plus jeune et le plus discret des frères Cody. C'est Luke Ford qui l'incarne. David Michod revient sur le choix de l'acteur : "Bien que Darren soit le bébé de la famille, il faut qu'il tienne la route, physiquement, dans ce milieu. Luke avait ça. C'est un type de Blacktown, il dégage quelque chose de solide, tout en ayant aussi une facette plus douce." Le comédien revient sur son expérience : "Je suis plutôt émotif et instinctif dans la vie, et j'ai vraiment dû me débarrasser de ce que je suis pour aborder Darren. En général, je joue des personnages qui expriment leurs sentiments. Ce personnage se l'interdit, il est introverti. C'était difficile, mais ça représentait aussi un véritable défi. Ce qui m'attirait, c'était notamment de travailler sur la peur qu'éprouve Darren vis-à-vis de ses frères, Pope en particulier, et de tout ce qui se trame autour d'eux."

    L'inspecteur

    L'inspecteur Nathan Leckie représente pour Josh une alternative au monde de violence dans lequel l'adolescent vit : "Je n'ai jamais voulu faire de Leckie une figure paternelle, mais plutôt qu'il permette à Josh de prendre conscience qu'il peut y avoir un espace où il se sente à l'aise et en sécurité. Au final, Josh se rend compte que c'est à lui de décider où est sa véritable place, au lieu d'attendre des autres qu'ils la lui indiquent" révèle Guy Pearce, l'interprète de Josh. Selon David Michôd, le comédien était parfait pour incarner Leckie : "Beaucoup d'inspecteurs viennent d'univers qui ne sont pas si éloignés de ceux des criminels qu'ils pourchassent. Ils se sont créé un uniforme. Ils le portent comme un déguisement et s'approprient un langage quasi robotique, monotone, un langage de flic, c'est-à-dire une manière délibérée de ne pas se révéler, de ne pas divulguer leurs émotions à des gens qui pourraient les utiliser contre eux. J'étais aux anges quand Guy a accepté ce rôle, parce que j'avais besoin d'un acteur qui puisse porter cette absence totale d'émotions, tout en restant captivant à l'écran."

    Documentation

    L'équipe du film a visité la Metropolitan Remand Center, une prison australienne, afin de mieux comprendre le fonctionnement des visites des proches aux prisonniers. David Michôd a également passé des années à lire et à consulter des documents sur le sujet, notamment à travers les écrits de Tom Noble, un ancien journaliste spécialisé dans les affaires criminelles. "Ceci dit", explique le réalisateur, "je n'ai pas rencontré de vrais criminels pour préparer Animal Kingdom. Je n'ai pas non plus consulté la police de Victoria ou parlé avec des membres de gangs, parce qu'il m'a toujours semblé vital de pouvoir revendiquer, honnêtement et avec aplomb, le fait que mon film soit une fiction pure."

    La photographie

    Animal Kingdom représente Melbourne sous tous ses aspects. David Michôd désirait à tout prix montrer la diversité de la ville. Le directeur de la photo Adam Arkapaw déclare que le film est une "déclaration d'amour à Melbourne". Heat et Magnolia ont été les deux références du réalisateur et du chef-opérateur, le premier pour son appartenance au polar et le second pour son caractère de film choral. Ils ont aussi fait le choix de ne pas surcharger le film et d'avoir une approche naturaliste, comme l'explique Arkapaw : "On a voulu simplifier les choses au maximum, dans la mesure où, avec les polars, il y a toujours la tentation de surenchérir avec des mouvements de caméra et un éclairage extravagants."

    Les décors

    Suivant la même approche que pour la photographie, les décors d'Animal Kingdom ne cherchent pas à être tape-à-l'œil. Pour la maison des Cody, l'un des décors principaux, Jo Ford, le chef décorateur, a choisi des couleurs riches et sombres, inspirées de peintres baroques et de la Renaissance. Par ailleurs, le propriétaire de l'un des décors possédait une collection pour le moins étrange, il "avait les plus gros trophées de chasse que j'ai jamais vus" raconte Ford. "Ça allait du buffle au cerf, en passant par des sangliers et un bison. J'ai un peu flippé ! (...) Nous les avons poliment déplacés dans une autre pièce, que je croyais fermée, aussi loin de l'équipe que possible. Mais de temps en temps, j'entendais un cri perçant, émanant d'un de nos machinos ou régisseurs, qui avait innocemment ouvert la porte et s'était retrouvé nez à nez avec une énorme tête d'animal trônant sur un lit, rappelant la fameuse scène du Parrain."

    Les costumes

    Les costumes portés dans le film sont volontairement sobres, afin d'éviter les clichés de gangster mais aussi pour donner plus d'impact aux actes criminels perpétrés dans le film : habillés de manière banale, les Cody ont l'apparence de personnes ordinaires. Cappi Ireland, la chef costumière, a acheté des vêtements de seconde main pour "éviter de rendre les personnages trop “mode” et [donner] au film quelque chose d'un peu “fatigué”." Quant à la moustache qu'arbore Guy Pearce, c'est une idée du réalisateur : "Il y a des petites trouvailles qui font la différence, à la fois extérieurement et intérieurement. Je considère que les costumes, le maquillage et les maniérismes sont liés. (...) Porter la moustache est assez courant chez les flics, ça n'était pas très important, mais nous devions en parler et prendre cette décision d'un commun accord", confie le comédien.

    Vous ne connaissez pas leurs noms mais vous les avez déjà vus!

    On a pu voir Ben Mendelsohn au casting de la fresque sauvage de Terrence Malick, Le Nouveau monde (2005), la romance d'Australia (2008) ou encore le film apocalyptique Prédictions (2009). L'acteur Joel Edgerton, quant à lui, est apparu au générique du biopic du légendaire hors-la-loi Ned Kelly (2003), Star Wars : Episode III - La Revanche des Sith (2005) et du thriller Mi$e à prix. Enfin, Luke Ford campait le fils un brin désobéissant de Brendan Fraser dans La Momie : la Tombe de l'Empereur Dragon (2008).

    Festivals

    Animal Kingdom a remporté le Grand Prix du prestigieux Festival International du film de Sundance en 2010. David Michod y présentait également le très attendu Hesher qu'il a co-écrit avec le réalisateur Spencer Susser. De plus, Animal Kingdom a reçu le Prix de la Critique Internationale au Festival du Film Policier de Beaune 2011.

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