Iñárritu l’intraitable revient à ses premiers amours, et de façon encore plus crue, s’il était possible.
Ici, pas de critiques, pas de revendications, pas de jugements.
On montre la misère telle qu’elle est. Mais aussi la grandeur qu’aucune misère ne pourra jamais mettre à bas.
Et oui, la sous race aussi, a des sentiments, de la noblesse et de la dignité. Même s’il lui a été donné de naître et de vivre parmi les cafards, l’humain souffre comme un humain.
Vous prenez n’importe quel gosse de riche bénéficiant d’un poste d’envergure dans je ne sais quelle multinationale planétaire, et vous le placez dès sa naissance au milieu des cafards, et ce sera un misérable humain de plus.
Après le film, je suis allé avec ma compagne manger un petit Kebab avec une bonne bière.
Nous étions tous les deux sonnés, mais nous voulions tout de suite reprendre le plus vite possible notre train, train quotidien. Faut pas se laisser impressionner par ce genre de petites choses. Il faut juste savoir que ça existe, et pi voilà !
On tue bien des phoques dans l’antarctique pour faire des fourrures.
Or, je me suis réveillé ce matin avec toutes ses images qui défilaient dans mon esprit.
J’avais digéré le kebab, mais pas ce qu’Iñárritu avait mis en boite.
2h30 de dégradation et de morve à tous les étages, n’étaient pas venus à bout de la magnifique beauté de quelque chose que je n’arrivais pas à définir.
Puis, petit à petit, la lumière se frayât son chemin dans mon âme.
L’Amour, comme dénominateur commun de toute l’humanité quel qu’en soit l’étage dans lequel elle prend vie.
Ici, le héros, n’a pas de magnum à sa hanche, pas de porsche dans le parking souterrain, pas de top model dans son lit, pas de wishkey pour radoucir sa virilité. C’est un pauvre minable, comme la plupart des minables qui peuplent la planète, qui avance vers son destin sans plaintes et sans tergiversations.
La survie de l’espèce ! Même si elle est misérable.
Les longs gros plans de face et de profil de cette tronche indescriptible d’un Bardem au plus haut niveau de l’art d’interprétation resteront, à mon avis, pour longtemps dans les annales de la cinématographie. Ce film aurait pu être muet, s’il n’y avait la magistrale bande son.
Je pense qu’il est encore trop tôt pour comprendre la vraie valeur de ce film. Le vrai tour de force qu’Iñárritu, sourd à la démagogie et à l’égocentrisme ambiant du box office établit, nous balance ici, en pleine gueule, aux aveugles que nous sommes.
Pour moi, c’est d’ores et déjà un classique, l’œuvre maitresse d’Iñárritu, l’accomplissement de ce qu’il avait commencé avec «21 grammes». Une œuvre qui fera date dans le cinéma à venir.
Si j’étais ministre de l’enseignement, c’est le genre de film que je montrerai aux élèves à partir de 11 ans.
Quel courage !
Quelle lucidité !
Quel talent !
C’est avec de telles prouesses que l’on démontre que le cinéma est bien plus qu’un divertissement ; c’est l’art qui englobe tous les arts.
Gracias Alejandro, aunque no tiene importancia.