Voilà c'est fait. Il fallait bien que cela arrive un jour : pour la première fois je suis déçu par un film de Alejandro González Inárritu. Du prometteur Amours chiennes au chef d'œuvre Babel en passant par 21 grammes, il nous avait toujours habitué au meilleur. Biutiful était bien sûr très attendu, surtout depuis Cannes et le prix d'interprétation pour Javier Bardem. Pour la première fois il travaille sans son scénariste habituel. Guillermo Arriaga est parti sous de nouveaux cieux, où il a, par exemple, réalisé avec succès le très beau Loin de la terre brûlée. Pour moi Inarritu y a perdu au change. Qu'il veuille se recentré sur un seul personnage, un seul lieu, d'accord mais là pour le coup je n'ai vraiment pas accroché. L'histoire m'a fait penser à celle du récent Submarino où plus le récit avance plus les pauvres personnages récoltent tous les malheurs du monde sur leurs épaules. Même chose ici. On arrive pas à s'attacher à ce pauvre Uxbal, qui n'est déjà pas très aimable au départ, petit escroc de bas étage qui exploite la misère humaine, qui corrompt les flic et j'en passe. L'idée de la rédemption dans la maladie ne serait pas si mauvaise mais le traitement est vraiment trop lourd. Plus cela avance, plus il les accumule, rien ne nous est épargné, de son cancer à sa femme alcoolique qui bat son fils en passant par l'exploitation des sans-papiers, jusqu'à une histoire d'amour homo entre deux chinois qui n'apporte rien et n'a rien à voir avec le reste...Ça flirte avec le fantastique aussi, un grand foutoir quoi... Alors oui on pourrait y voir une parabole sur la maladie, la mort, l'absence du père, la culpabilité...mais le problème est que l'on s'ennuie terriblement ! Trop long, trop lent, ce qui n'est souvent pas un frein mais qui là ne fonctionne pas du tout à mon goût. A côté de cela le film est très bien fait. Techniquement c'est magnifique. La photo est somptueuse. Jamais on a vu Barcelone sous un tel angle. Celui des bas fonds, de la pluie, du sordide, des usines...Comme le dit si bien pierreAfeu "On est loin de la carte postale façon Woody Allen". C'est tout à fait ce que je pensais en le voyant. Sans parler de la musique de Gustavo Santaolalla, compositeur attitré du réalisateur, Oscar pour Babel, qui est magnifique. L'interprétation d'ensemble est parfaite. Si Bardem n'a pas volé son prix d'interprétation, Maricel Alvarez qui joue sa femme est renversante, un très beau rôle. Au final c'est donc la déception qui est au rendez-vous. Si le film est totalement réussi sur la forme, il l'est beaucoup moins sur le fond. Je n'ai jamais accroché, ça n'a jamais décollé. Je n'ai rien ressenti et surtout pas d'émotion(s). Espérons que cela ne soit qu'un accident de parcours. Attendons la suite et des souhaitables retrouvailles avec son scénariste...