Remake du film de 1939 avec Boris Karloff et Basil Rathbone, cette nouvelle "Tour de Londres" aurait pu dépassé son prédécesseur, qui souffrait de quelques défauts majeurs (à commencer par un traitement trop aseptisé). Le réalisateur Roger Corman (resté dans l’Histoire, depuis, comme l’un des papes de la série B voire Z) ne s’en est, malheureusement pas donné les moyens… et nous livre un film, certes très différent dans son approche, mais tout aussi imparfaits. Il est d’ailleurs intéressants de noter que les défauts de ce remake sont assez différents de ceux du film original. Ainsi, les reproches majeurs à formuler concernent, ici, la qualité des décors (même si ce côté cheap, à commencer par les plans sur le château miniature, participe au charme du film) et, surtout, le parti-pris de se concentrer quasi-exclusivement sur les tourments du terrible Richard III. Ce recentrage apparaît disproportionné et a, pour fâcheuse conséquence, de voir le scénario tourner rapidement en rond, avec une intrigue minimaliste (une succession de coups fourrés et autres mises à morts) et des scènes répétitives (les apparitions fantomatiques des victimes). Cette pauvreté est d’autant plus rageante que la première moitié du film était pleine de promesse avec des amorces d’intrigues et de conspirations… que ce recentrage vient considérablement mettre à mal. On perd, également, tout l’aspect historique mais, également, la sous-intrigue avec le bourreau qui permettait au film original d’aérer le récit. Paradoxalement, ce parti-pris permet au remake de prendre ses distances avec le film de 1936, grâce à une ambiance plus glauque et une mise en avant de la folie de son personnage principal. Le film bénéficie, à ce titre de l’interprétation de l’énorme Vincent Price (qui était déjà dans le film original, dans un autre rôle) qui se donne corps et âme… au point de ringardiser la prestation, bien moins torturée, de Basil Rathbone. L’interprétation est, globalement, meilleure dans le remake (ou, en tout cas, moins théâtrale)… même si on ne peut que regretter l’absence de grands noms (ce dont bénéficiait l’original). Au final, "La Tour de Londres", version Corman, parvient à être différent de son modèle mais s’avère très légèrement inférieur en raison d’un scénario trop resserré et d’un manque de moyen dommageable.