Voilà enfin un film minimaliste qui n'exclut pas la richesse et la générosité (humaine comme cinématographique). Dans une chambre ensoleillée, un vieil homme attend. Attend son fils, qu'il n'a pas vu depuis trop longtemps. Attend la liberté du corps, la permission improvisée de sortir de ce cocon qui l'étouffe. Et attend, finalement, la mort. Carlos Sorin, avec toute la délicatesse qu'on lui connaît, choisit ici de filmer les derniers moments d'un vieillard avec une légèreté qui rappelle, d'une certaine manière, le "Still Walking" de Kore-Eda. Pourtant cette quasi-transparence des sentiments ne rend pas creux l'ensemble ; au contraire, il l'enrichit de par sa douceur, sa poésie infime. Fallait-il rajouter, inventer, titiller l'onirisme là où un simple rayon de soleil nous dit tout? Avec "La Fenêtre", film immobile, simple mais d'une construction certaine (l'évasion vient, au milieu du film, élargir les limitations scéniques et scénaristiques), le cinéaste argentin nous prouve que non en offrant une oeuvre d'une beauté pure et sans effets, jamais plombé par un discours bien-pensant ou par une atmosphère de clinique. Non, ici, l'homme ouvre ses oreilles, entend le bruit continué des scènes qui nous sont esquissées (l'accord d'un piano par exemple), regarde à la fenêtre l'étendue immense qui s'offre à lui en rêvant de s'échapper sous la photographie sublime de Julian Apetzteguia. Puis vient le moment de folie, l'envol vers les champs dorés par le soleil. Le vent parle pour lui, laisse souffler doucement son haleine d'été et sa fraîcheur joviale pour enrober le corps vieillissant de son personnage en déconstruction. Aucun mauvais goût ici ; en filmant simplement ce qu'il reste de bonheur, le film touche juste sans jamais nous attrister. Après le malaise en pleine nature, Antonio se réveille et aperçoit, en guise d'un dernier plaisir que nous offre parfois la vie, sur le ciel bleu qui s'étale, le visage imprimé d'une jolie rousse aux cheveux bouclés, dont le sourire sédu