Ow... vraiment flippant !
Pour son sixième long-métrage, Alan Parker, déjà muni d'oscars pour "Midnight express" et "Fame", nous plonge dans un drame psychologique exaltant alliant film de guerre et drame intimiste.
Synopsis : après le Vietnam, Birdy et Al, deux amis, tentent de survivre face à leurs blessures internes et externes. D'autant que Birdy rêve toujours de devenir oiseau.
A postulat, on pouvait voir grand, et à la sortie, on voit grand ! Dans ce drame, poignant de réalisme, ce sont les personnages, croqués par Parker, qui concourent à l'esprit de liberté et d'enfermement, un paradoxe qu'on va pouvoir décrire un peu plus bas. D'autant que la mise en scène, avec le procédé révolutionnaire skycam qui a permis de filmer le rêve volant de Birdy, adoubé d'un bleu carcéral anxiogène (pour les couleurs) et de la (trop peu présente) bande-son méthodique et lancinante de Peter Gabriel (membre fondateur de Genesis également compositeur sur "La dernière tentation du Christ" et "Wall-E") concourent à l'impressionnante réussite du métrage, aussi magistral soit-il.
Alors bien sûr, pour parler casting, nous naviguons en plein rêve ou plein délire suivant de qui on parle. En plus, les flashbacks qui nous déroulent l'histoire servent de fil conducteur pour comprendre, un, les rêves de Birdy, deux, les désillusions d'Al, et trois, l'amitié qui unit ces deux personnages aux antipodes l'un de l'autre, et qui, finalement, réussissent à communiquer malgré leurs différents. Deux mondes les séparent, et pourtant, ils ne font que s'attirer. Al est un garçon comme tout le monde qui part à la guerre du Vietnam et qui rentre blessé physiquement. Birdy, gentil rêveur, en revient carrément traumatisé.
Dans la peau de Birdy, c'est un Matthew Modine qui signe et soigne (!!) une interprétation hallucinée et hallucinante. Tout en douceur, sa puissante incarnation de Birdy nous permet de frôler ses tourments, son rêve inaccessible, et surtout de nous exposer sa douleur psychologique de se trouver "en cage". Total respect, Matthew ! D'autant qu'il s'agit d'un film tremplin dans ta carrière ("Full metal jacket", "Short cuts"...) puisqu'il t'a apporté la consécration. Ô joie !!
De l'autre côté, il y a Nicolas Cage qui incarne Al, l'ami de toujours de Birdy. Avec ses blessures de guerre, Al se forme une carapace en restant avec Birdy. Une amitié loyale qui peut sembler s'effriter au fur et à mesure que le film avance. Or, Al n'est pas au bout de ses peines et commence à plonger lui-aussi mentalement. C'est sur tous ces aspects que le talent de Nicolas Cage surgit d'on ne sait où nous donnant une composition magistrale, fracassante. L'une de ses meilleures, sans aucun doute ! L'ami Nicolas nous comble, et c'est tant mieux, car en sa compagnie, c'est toujours un bonheur et un honneur de le trouver bien diriger. Merci Alan ! Et lui aussi, ce rôle, son premier dramatique, a fait de lui l'acteur-star de "Volte-face" qu'on connaît. Bravo Alan !!
Avec aussi Karen Young ("9 semaines et demie", "Vers le sud" aux côtés de Charlotte Rampling), parfaite dans le rôle de l'infirmière, et le regretté Bruno Kirby ("Le parrain 2", "Good morning Vietnam", "Quand Harry rencontre Sally"), convaincant.
Pour conclure, "Birdy" (1985) est aujourd'hui un véritable film-icône pour la révélation du tandem Cage-Moddine, le style inimitable du metteur en scène fastueux de "Angel heart" et "Mississipi burning", et surtout parce qu'il a remporté le Grand Prix du Festival de Cannes en 1985. Attention, chef d’œuvre absolu (assuré) !!
Spectateurs, êtes vous plutôt pigeon ou canari ?