Un très beau film, bien que considéré comme un monument du néo-réalisme italien, il annonce aussi le style fantastico-merveilleux de Fellini par quelques séquences mémorables et iconiques. Le scénario est astucieux qui nous décrit les pratiques de trois petits arnaqueurs romains, petits escrocs pas bien méchants. Dès la première arnaque, magnifiquement montée, on comprend bien que ces truands arnaquent plus pauvres qu’eux et profitent de la misère du monde. La mise en place d’un faux trésor chez des pauvres fermiers qui doivent payer pour y avoir droit est terrible et bien triste. S’enchaineront ainsi plusieurs arnaques, démontrant la bassesse du monde et la cupidité de l’âme humaine. Mais cette situation devient dangereuse, trop d’adversité, et l’un des trois ,« Picasso » marié à la très belle Giuletta Masina, à qui il a caché son activité , ne veut plus continuer, au risque de détruire sa cellule familiale. Il y a cette magnifique scène de la soirée du nouvel an, chez un truand « parvenu », d’un autre niveau, où les 3 pieds nickelés se ridiculisent. Cela annonce les fêtes délirantes de la « Dolce Vita », magnifiquement filmée, luxuriante , Dyonisesque mais très cruelle , presque violent , dur à supporter, tant nos 3 héros paraissent minables, à l’heure de vérité . Une scène d’anthologie, qui à elle seule place ce film sur les sommets des chefs d’œuvre. Il y a aussi Augusto, le chef de bande, magnifiquement interprété par Broderick Crawford, qui voudrait s’acheter une rédemption, vers la fin du film, par une dernière arnaque. Il veut s’en sortir et s’occuper de sa fille de 18 ans, brillante étudiante, scène de grande émotion pour leur retrouvaille et la réconciliation, dans une salle de cinéma du père et de sa fille. . Peut -être faire un dernier coup : fantastiques 10 dernières minutes, extrêmement dures. Peut- on échapper à son destin ? existe-t-il le pardon ? Y a-t-il une fatalité ? Le film est un sommet car il alterne le néo-réalisme, par sa description des pauvres gens humbles, la comédie italienne , dans la tentation de nous faire rire de toutes ces situations, mais aussi le fantastique et la profondeur avec l’analyse psychologique des personnages. Il y a bien sûr la musique sublime de Nino Rota , et une image noir et blanc d’un esthétisme bluffant . A noter aussi un montage très rapide, pas de pertes de temps, on bascule très vite dans d’autres scènes, un cut très moderne, des raccourcis très efficaces. Une pépite à redécouvrir.