Il est toujours très intéressant de voir la petitesse d’esprit d’une nation aussi grande et puissante que celle des États-Unis et l’étroitesse d’ouverture au monde qu’elle met un mal fou à entretenir. En découle bien souvent malheureusement une vague de clichés tous plus amers les uns que les autres : un arabe se résumera à un barbu portant une robe noire, un indien portera un chapeau et aura une famille démesurée, un français passera son temps à se plaindre et à manger des cuisses de grenouilles, etc... "Donne-moi ta main", en prenant comme port d’amarrage l’Irlande, n’échappe malheureusement pas à ce constat attristant et s’embourbe dès les premières secondes dans des clichés à la limite de la moquerie facile et du racisme de bas étage. Pour ceux qui n’ont jamais mis les pieds plus loin que la ville d’à côté, ces clichés paraîtront souvent très drôles mais pour les autres, ceux qui ont réellement découvert et aperçu le monde les entourant, le résultat sera tout autre car non, les Irlandais ne sont pas tous des bouseux illettrés crachant par terre toutes les quatre secondes, non ils ne sont pas hostiles envers les étrangers, bien au contraire, et non il n’y pleut pas tout le temps. Du coup, les aventures de cette petite bourgeoise coquette se retrouvant bien malgré elle très loin des lieux de grande consommation et ne pouvant se décider à laisser de côté ses hauts talons à 500 dollars et sa valise Vuitton paraîtront terriblement fades à tous ceux ayant essayé de voir un peu plus loin que le bout de leur nez. Que reste-il alors à sauver de ce film ? Honnêtement, si l’on se place du côté du cœur de cible de ce genre de long-métrages (la gente féminine), "Donne-moi ta main" possède tous les éléments propices à égayer l’attention de ces demoiselles : une jeune femme qui, malgré une situation confortable, s’ennuie à mourir avec son futur époux (mais ça elle ne le sait pas encore !) mais qui par chance va vivre l’aventure de sa vie dans un monde naturel et authentique tout en rencontrant par la même occasion un ours mal léché pas si austère qu’il le prétend au final. Pour le reste, la réalisation répond aux attentes des fans de ce genre, les acteurs ont une complicité visible et communicative et la photographie est ce qu’il y a de plus intéressant ici. Sur ce point, l’Irlande est très bien représentée avec ses étendues de terres sauvages en perpétuelle métamorphose à perte d’horizon. Ne nous voilons pas la face, "Donne-moi ta main" est un pur objet marketing visant à sortir de leur monotonie des femmes qui s’ennuient en les faisant rêver d’évasion mais dans la mesure où le film y parvient plus ou moins, chercher la petite bête ne rimerait à rien. Pas la comédie romantique du siècle, "Donne-moi ta main" remplira cependant très bien son rôle de comédie romantique de l’été, vraiment pas mal et rafraîchissante, tout en étant vraiment sans aucune prise de tête, ce qui n'est pas si mal au final