Bon, là on sombre dans la décadence. Même si l’épisode 3 de la saga n’était pas spécialement mémorable, ce quatrième film le surpasse par son inanité.
Je ne sais vraiment pas trop quoi dire sur ce film de positif. A tous les niveaux c’est l’effondrement.
D’abord sur la forme. Elément qui sauvé l’épisode trois, là c’est une plaie. Le budget a encore grossi, au point de devenir franchement obèse, et pourtant ce n’est pas du tout visible à l’écran. Très peu de vraies scènes d’action (quelques bagarres sans surprise et bien molles), des décors nettement en perte de vitesse (la fameuse fontaine c’est d’une laideur, d’un quelconque), et la mise en scène est à des années-lumière de celle de Verbinski. Le réalisateur visiblement pas du tout à l’aise avec le genre se montre timoré au possible, et son travail cède à la platitude la plus ennuyante. Là encore, l’épilogue est un grand moment de réalisation brouillonne, hachée, et le souffle épique se délite à peu près dix minutes après le début du film. La traversée cocasse de Depp dans Londres étant le seul passage qui retrouve un peu de la flamboyance excentrique des autres épisodes. La bande son est bonne, mais bon, rien de neuf sous le soleil.
Bref, en dépit de ses fx soignés, ce métrage les met bien moins en valeur, et la perte de vitesse est dure.
Le scénario est totalement quelconque. Ce que le trois avait de trop il aurait dû le donner à ce quatrième film, car là c’est le vide abyssal. Le film existe sur les répliques du duo Barbossa-Sparrow, sur une romance insipide, et… et pas grand-chose d’autres ! Action en berne, bavardages inutiles, manque d’enjeux criants, final baclé, ce film n’a strictement aucune ambition, mais en plus il passe complètement à côté de la dimension divertissante. L’aventure n’est pas au rendez-vous, et c’est bien frustrant. Alors c’est vrai, on comprend mieux ce qui se passe à l’écran que dans les deux épisodes antérieurs, assez alambiqués, mais ce n’est pas avantageux pour autant. Désolé cher scénariste, mais ce n’est pas en glissant quelques mythes comme Barbe-Noire, les sirènes ou la fontaine de Jouvence que le spectateur va forcément en avoir pour son argent (et son contentement).
Reste le casting. Sur le papier le renouvellement est assez radical puisqu’on jette Bloom, Knightley, et on remplace par Cruz et McShane. Ça aurait pu apporter un peu de fraicheur, mais en fait non ! Depp et Barbossa sont complices, mais ils paraissent sous-exploités, et ressemblent plus à deux pirates fatigués qui parlent de leurs blessures de guerre qu’autre chose. Penélope Cruz est une coquille vide. Elle ne parvient même pas à imposer son charme, n’étant vraiment là que pour assurer le quota féminin « débrouillard ». Astrid Bergès-Frisbey assurant elle le quota « en détresse ». Beaucoup plus charmante, la réalisation ne réussit même pas à mettre en valeur un top-model qui passe le film nu ! C’est fort ! Autour de tout ça, Ian McShane, un Barbe-Noire timoré, sans grand relief, qui vaut pour sa première apparition, bien méchante, et puis qui ensuite ne fera pas grand-chose, et Sam Claflin, qui hérite du rôle le plus fade qui soit.
En toute honnêteté, ce film est tellement mauvais, surtout par rapport à ses prédécesseurs (même le faiblard troisième épisode), que je me pose vraiment des questions ! A part le changement de réalisateur, il n’y a pas eu de modifications significatives, même niveau budget ! Pourquoi est-ce donc aussi nul ? Franchement, on est continuellement entre le navet et le nanar. Une calamité qui, je l’espère, sera effacé par l’épisode suivant !