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selenie
6 331 abonnés
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5,0
Publiée le 28 novembre 2016
Une affaire qui défraya la chronique notamment par le soutien indéfectible des artistes surréalistes à la jeune femme. Comme à son habitude le cinéaste compose son casting d'habitués dont le duo Jean Carmet-Isabelle Huppert. Ce choix est d'une importance capitale puisque l'atout majeur du film réside dans le doute, une sorte d'image subliminal puisque dans "Dupont Lajoie" (1975 - succès récent) Carmet violait Isabelle Huppert. Cette ambiguité est la grande force du film, à la fois sensation inconfortable et d'une neutralité qui va de soit puisque nous ne saurons sans doute jamais vraiment.
Trois ans après le nécessaire "Dupont Lajoie" de Boisset, la jeune Isabelle Huppert joue de nouveau aux côtés de cet acteur merveilleux quest Jean Carmet. Mais cette fois-ci le rôle-titre est pour elle. Son interprétation de Violette Nozière est dune justesse étonnante. A vingt-quatre ans il ne faisait déjà plus de doute quant au talent de celle qui allait devenir lune des plus grandes comédiennes françaises. Un générique sur fond de grille évoquant des barreaux de cellule. Claude Chabrol se penche sur lune des affaires les plus controversées qua connues la France au XXème siècle. La forme est plutôt impartiale. Si elle laisse paraître les défauts des époux Nozière et la difficulté de les avoir pour parents, leur fille ne nous est pas non plus montrée exempte de tous reproches. Violette mène dès ladolescence une double vie, vole sa famille et recourt constamment au mensonge. Petite fille innocente à la maison, elle se prostitue la journée alors quelle devrait aller étudier. Bien entendu les hommes quelle fréquente sont en général des personnages chargés dont on désapprouve lattitude avec véhémence. Jean Dabin en premier lieu évidemment (un ignoble profiteur campé par Jean-François Garreaud). Relevons les courtes mais remarquées apparitions de Fabrice Luchini en étudiant en Médecine. Seul le gentil musicien noir sen sort finalement avec les honneurs. Pour expliquer les origines du drame qui la conduira en prison, des sous-entendus (dans les flash-back) et des non-dits (à propos de monsieur Emile) émaillent le récit. Au spectateur daccepter ou non les vérités pas belles à entendre quils recèlent. Une voix off conclut sobrement le métrage. Quelque peu abasourdi, on reste songeur sur le destin étrange de cette femme. Sa mère lui prédisait un grand destin mais ne devait pas imaginer celui-là Fidèle à ses convictions, Chabrol noublie pas de taper un peu sur les bourgeois. Ça fait pas dmal. Linterdiction aux moins de 12 ans nest aujourdhui plus justifiée.
Un bon, un tres bon, même un excellent Claude Chabrol... Le cinéaste raconte dans ce film l'histoire vraie de Violette Noziere, histoire tres dérangeante (surtout pour l'époque) et qu'il raconte avec beaucoup de justesse, et un tact ingénieux et modéré. Le schéma narratif est fascinant, l'utilisation brutale de flashs-back, la façon de conserver l'incertitude (voir même de la respecter) par rapport a certains points... Et tout ca avec en tête de casting Isabelle Huppert dans l'un de ses plus grands rôles (Prix d'interprétation féminine de cette année la au Festival de Cannes) avec également, entre autres, les excellents Jean Carmet et Stéphane Audran. Et une mise en scène sublime de la part de Claude Chabrol, tres sombre et tres belle...
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4,0
Publiée le 25 avril 2009
Claude Chabrol reprend avec "Violette Nozière" une affaire criminelle qui dèfraya la chronique judiciaire d'avant guerre et dont s'emparèrent les surrèalistes! Nulle allusion à notre èpoque, mais une reconstitution minutieuse et soignèe des annèes 30 où Isabelle Huppert est sublime d'ambiguïté et de mystère! Le film se concentre exclusivement sur ce qui a pu conduire le personnage principal à empoisonner ses parents (Jean Carmet et Stèphane Audran parfait en petits bourgeois minables) dans un climat particulièrement ètouffant! C'est donc à huis-clos que Violette va expliquer son crime et se confronter à sa mère qui s'est constituèe partie civile où Chabrol met en scène avec talent deux parties en opposition: l'opinion publique et la sphère politique! Du très grand Chabrol et un prix d'interprètation (mèritèe) à Cannes en 1978 pour Isabelle Huppert...
En plongeant dans la biographie de Violette Nozière, célèbre parricide, Chabrol a trouvé la matière d'un nouveau drame bourgeois. Mais celui-ci est moins caustique que la plupart de ses oeuvres. L'ambiance est glauque et décadente, probablement inspirée par l'époque, les années 1930, avec la montée du fascisme. Le film est dur et froid, avec une Isabelle Huppert impressionnante (Prix d'interprétation à Cannes), visage inexpressif, d'une nonchalance insolente, d'un mépris absolu pour la société dans laquelle elle vit. "Vous êtes des nains", dit-elle à ses parents. À l'époque de ce fait divers, les surréalistes ont vu en Violette Nozière un symbole de la révolte et, dans son parricide, un acte qui "brisait l'affreux noeud de serpent des liens du sang". À noter : les petits rôles de Fabrice Luchini, Bernadette Lafont et... Jean-Pierre Coffe.
Avide de liberté, de rencontre. Envie de sexe et d’amour. Son regard trahit ses fantasmes et elle veut les réaliser. Chabrol filme le trop plein, l’exaspération. La lente envie de meurtre avec froideur et sang froid. Comme une pulsion qui devient évidente.
Tiré d'un célèbre fait divers de parricide, un drame intriguant et troublant qui raconte sans chercher a expliquer, porté par l'interprétation fascinante d'Isabelle Huppert, primée à Cannes.
Chabrol se garde bien de prendre un parti, mais il évite aussi grandement de jouer de sa causticité et de son cynisme ordinaires pour rendre compte d'un fait divers qui, en son temps, a divisé la France. Son examen clinique d'une existence morne et confinée qui bascule dans l'horreur doit beaucoup à Isabelle Huppert et Stéphane Audran, les personnages féminins étant plus choyés que leurs homologues masculins. On regrettera une certaine longueur et une absence de réel parti pris, Chabrol ayant opté pour une dénonciation froide du patriarcat et du "mâle dominant" mais ne donnant pas de Violette Nozière l'image d'une parfaite victime expiatoire, conservant au personnage une relative ambiguïté. Un peu vieilli mais intéressant.
Il faut voir Violette faisant avaler du poison à ses parents d'un air innocent avant de les regarder défaillir et de dévorer avidement un rôti devant leurs corps agonisants. Du pur Chabrol des grands jours! Inspiré du livre de Jean-Marie Fitère sur la célèbre affaire qui défraya la chronique dans les années 30, le film est particulièrement saisissant pour sa peinture aussi noire que cruelle de l'époque. Remarquable interprétation d'Isabelle Huppert, Jean Carmet et Stéphane Audran.
Claude Chabrol, après avoir sondé l’esprit de Landru, explore un parricide qui défraya la chronique au début du XXème siècle ; l’affaire de la jeune Violette Nozière. Isabelle Huppert et Claude Chabrol parviennent à faire ressortir toute la complexité de cette jeune femme. 18 ans, fille unique et vivant dans le logement étriqué de ses parents ; on sent chez elle tout l’étouffement d’un logement dans lequel on vit les uns sur les autres, mais surtout l’étouffement psychologique parental. Ces parents voient grand pour elle mais paradoxalement continu de la voir encore comme une petite fille. Pour échapper à cet enfermement, elle affiche une double personnalité ; une Violette docile et enfantine conforme à l’image parental au foyer, et une jeune femme séduisante croqueuse d’hommes et manipulatrice à l’extérieur. C’est une fuite en avant pour elle qui veut se démarquer du modèle parental. Spectateur de ces incessantes métamorphoses physiques et psychologiques, le doute est perpétuel sur la véracité de ses propos. Par exemple, elle accuse son père d’attouchements dans son enfance ; mais Chabrol par sa mise en scène ni ne valide ni n’invalide cette affirmation. Excepté que nous revienne en tête le viol de « Dupont Lajoie » tourné un an plus tôt dans lequel Carmet violait Huppert (les deux mêmes comédiens ici). Ce flou autour de cette personnalité ambiguë jalonne tout le film. L’interprétation sur un fil d’Huppert lui vaudra le prix d’interprétation à Cannes. Cependant aucun trouble ne survient avec des personnages trop froids et un esprit de liberté du personnage principal trop étouffé. Donc on s’ennuie car l’ambiguïté bien sentie de Violette frôle parfois la confusion. Un film hermétique en fait. tout-un-cinema.blogspot.com
Certes, ce film a considérablement vieilli mais il s'agit tout de même d'une des toutes meilleures oeuvres de Chabrol. Isabelle Huppert est comme toujours exceptionnelle. A noter la présence d'une pléthore de comédiens dans leurs premiers rôles dont Fabrice Lucchini, Jean-Pierre Coffe et encore Bernadette Lafont.
Intriguant troublant, ce film de Chabrol est à l'image de son personnage principal. J'ai eu l'impression d'assister à une opération chirurgicale et une dissection de cet famille qui vit en huis clos avec les secrets de la fille et de la mère qui vont finir par la faire exploser. Si le personnage d'Isabelle Huppert est si fort c'est grâce à la performance majuscule de Jean Carmet en personnage insignifiant. Il est tellement juste que quand le personnage de Violette craque et le traite de nain qui est à mon sens LA grande scène du film qui tire sa force de la faiblesse de ce personnage de père. Dans Violette Noziere Chabrol n'explique pas, ne juge pas, il constate. Il gagne ainsi en crédibilité même si par moment cela donne l'impression d'être trop froid.
Du grand Chabrol, avec un casting de haut vol. Isabelle Huppert est formidable et quel plaisir de voir le jeune Luchini, très convaincant dans son petit rôle.
J’ai mis du temps à rentrer dans le film (toujours un problème avec l’esthétique terne du cinéma de Chabrol, aggravée ici par des flashbacks brumeux très datés). Petit à petit, le caractère impénétrable du personnage principal, associé au jeu si particulier de Huppert et à un montage de plus en plus impressionniste, finit par créer une certaine fascination. J’ai trouvé très réussie la manière dont le film scrute à chaque instant son héroïne sans pour autant réduire son mystère et cette façon d’utiliser le montage pour créer des vides narratifs et retarder les révélations, ce qui nous met ensuite face à nos propres jugements hâtifs. En arrière-plan, une société française mesquine et hypocrite, face à laquelle Violette, coupable ou victime, innocente ou monstrueuse, conserve jusqu’au bout un désir obstiné de liberté et une grandeur romanesque qui font d’elle un double passionnant et émouvant de Madame Bovary.
L'affaire est simple, banale, terrible... Il fallait réussir à faire de ce scandale, pourtant presque effacé de la grande histoire, un hymne à l'existence, une recherche de son propre être au sein même du non-être. "Violette Nozière" devient l'histoire d'une conquête, puis d'une reconquête, passant à travers les nuages des années 1930, pour traverser l'histoire, jusqu'à enfin y entrer. Il suffisait de détruire l'obstacle, mais surtout de détruire ce qu'il y avait de mort en soi-même, d'outrepasser les méandres de ces temps sombres et vides qui nous envahissaient. Comme une réminiscence flaubertienne, c'est l'individu vide de toute histoire qui se contemple à travers cette fable. Puis c'est finalement vers sa propre métaphore que tend l'oeuvre de Chabrol, ne cherchant pas la reconnaissance d'une histoire, d'une intrigue, mais celle d'un achèvement, d'une tension existentielle vibrante derrière le rideau couleur sang.