Si Iliana Lolic est déjà actrice, dialoguiste et productrice elle ne s'était encore jamais lancée dans la mise en scène. C'est désormais chose faite avec la réalisation de Je ne dis pas non, son tout premier long métrage.
Le titre du film Je ne dis pas non fait référence à l'héroïne du film, Sylvie Testud. Si Iliana Lolic a choisit de centrer son récit sur un personnage féminin, ce n'est pas par hasard. Selon elle, une femme qui ne sait pas dire non lui permettait d'aborder son film sur le ton de la légèreté et de la comédie. D'emblée, le film est plus crédible. Tandis qu'"un garçon ne sachant pas dire non serait plus pathétique".
Le personnage de Sylvie Testud semble avoir été écrit pour l'actrice. Pourtant, Iliana Lolic n'avait personne en tête en imaginant Adèle. La rencontre entre les deux femmes a été le fruit d'un heureux hasard, pour le plus grand bonheur de la réalisatrice qui confie: "Elle a la fantaisie et la gravité du rôle, le côté un peu candide, enfantin, que lui donnent son physique et ses grands yeux bleus. C'était important, car il n'y a aucune perversion, aucune manipulation chez Adèle, mais une forme de pureté."
Iliana Lolic tenait à ce que le personnage de Matteo soit interprété par un étranger, de manière à ce qu'Adèle, elle même un peu différente, se sente libre. Stefano Accorsi, italien, parle couramment le français, ce qui était essentiel pour le rôle. Mais ses origines ont donné une dimension tout autre au personnage, puisque les italiens, très expressifs, jouent beaucoup avec leur corps, faisant de Matteo un personnage très vivace.
Très souvent dans le film, Adèle (Sylvie Testud) se balade avec le nez en l'air. Cette position atypique n'a pas été choisi au hasard par Iliana Lolic, selon qui elle fait référence à un instant de prière. Très courante chez les enfants, elle reflète ici l'humilité du personnage.
L'actrice française tisse, depuis quelques années, des liens étroits entre cinéma et littérature. Une relation qui débute lorsqu'elle joue dans l'adaptation du roman d'Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements (2003). Cinq ans plus tard, elle incarne l'écrivain Françoise Sagan dans le biopic du même nom (2008), avant de devenir une assistante littéraire qui ne sait pas dire non dans le film d'Iliana Lolic. Entre temps, l'Sylvie Testud se lance dans l'écriture et publie trois ouvrages, Il n'y a pas beaucoup d'étoiles ce soir (2003), Le ciel t'aidera (2005) et Gamines (2007).
Si Iliana Lolic parle de son film comme d'une comédie romantique, il est toutefois bien loin de ce qu'on a l'habitude de voir sur les écrans. Les trentenaires célibataires ont très souvent l'habitude de se battre pour trouver l'homme de leur vie, contrairment au personnage d'Adèle, bien plus passive. Sylvie Testud a d'ailleurs une opinion bien arrêtée sur ce sujet: "Au cinéma, on voit souvent des femmes de 30 ans qui seraient prêtes à n'importe quoi pour trouver un garçon, n'importe lequel, et je trouve cela assez affligeant. Adèle est l'opposée de Bridget Jones, un personnage qui m'avait irritée et dans lequel je ne m'étais pas du tout reconnue, dans lequel je ne reconnais pas grand monde d'ailleurs. Je ne m'explique pas l'engouement pour cette héroïne".
Parce qu'Iliana Lolic tournait son premier film, le budget qui lui était alloué etait extrêmement réduit, tout comme son temps de tournage... Afin de faire au mieux malgré les contraintes qui lui étaient imposées, la réalisatrice a beaucoup travaillé en amont. Elle savait donc exactement ce qu'elle voulait, et arrivait chaque jour avec un découpage extrêmement précis.