Comme je l’écris souvent, Martin Scorsese n’a jamais été ma tasse de thé et comme je le rajoute après : tant mieux, je n’aime pas le thé !
De lui, je retiens « New York, New York » comédie musicale, genre que j’apprécie, "Shine a Light » parce que fan des Rolling Stones, « Living in the Material World » parce qu’intéressé par le guitariste George Harrison des Beatles et « Hugo Cabret » parce que c’est un bel hommage à Georges Méliès.
Je salue sa carrière, son savoir-faire indéniable pour narrer avec talent, avec fluidité le genre gangster mafia comme « Mean Street », « Les Affranchis », « Gang of New York », « Casino », « Les infiltrés » voire « Raging Bull ».
Malheureusement, tous ses personnages me laissent à distance, même si l’incarnation n’était pas en cause, bien au contraire car Martin Scorsese est aussi un très bon directeur d’acteurs. Seulement, le genre gangster mafia ne m’a jamais procuré d’émotion. Je peux aussi citer Brian de Palma avec « Scarface » ou « L’Impasse » par exemple.
Je ne trouve aucune grâce à ces portraits de mafieux, de gangster malgré que ce soient assurément de grands films et pour lesquels j’ai pris plaisir à regarder.
Exception faite à « The intouchables » de ce même Brian de Palma qui figure dans ma dévéthèque, ce sont les personnages de Sean Connery et de Kevin Kostner qui me touchent, pas de Niro malgré une prestation impressionnante. Si le film était centré sur Al Capone plutôt que sur Eliot Ness je n’aurais pas le DVD.
La figure du méchant n’est pas bannie de ma dévéthèque, le méchant de la fiction y est invité pas le méchant issu de la réalité.
Je ne peux pas avoir deux discours : l’un consistant à rejeter sa figure abominable qui paraît dans l’actualité, puis apprécier ce qu’en fait un metteur en scène.
« Mesrine » par exemple.
Il y a peu j’ai revu « Les Infiltrés » que j’ai vraiment apprécié ; sur ce, j’ai décidé enfin de ne plus bouder un autre genre qui ne me touche pas : la boxe avec « Raging Bull ». Voir ma réflexion sur ce film que j’ai apprécié à tout point de vue.
Alors, autre décision : voir « The Irishman ».
Plus de trois heures à me coltiner un genre que je repousse, gangster mafia.
A ma grande surprise, je n’ai pas vu le temps passé. C’est du Scorsese. Comme je l’ai écrit plus haut, il a un grand talent pour fluidifier des histoires complexes ou alambiquées.
Mieux, je ne m’attendais pas à être par moments ému.
Emu de découvrir de Niro très âgé dans la peau de Frank Sheeran qui narre sa vie. J’ai l’impression qu’il narre son parcours à travers Sergio Leone, Francis Ford Coppola, et évidemment Martin Scorsese. Que cela va au-delà de son rôle « d’Irishman ».
Emu de revoir Harvey Keitel qui aligne quelques mots, disparaît pour le voir tout simplement sourire plus tard au cours d’un meeting de mafieux. Harvey Keitel, un invité parmi tant d’autres à la table des gangsters, à la table de Scorsese...
Tout semble se confondre, réalité fiction.
Emu de voir Anna Paquin.
Sookie si bavarde dans « True Blood » n’apparaît que pour trois lignes de dialogue ! Mais avant, on la voit à plusieurs reprises sans prononcer le moindre mot. Tout passe par des sourires forcés, ébauchés, des rictus, regards timides qui parfois en disent plus long que des paroles.
Emu de voir enfin Joe Pesci au centre de la mafia puisqu’il embrasse le rôle d’un Parrain, Russell Bufalino. J’ai l’impression que Martin Scorsese lui rend l’hommage qu’il mérite en le sortant de sa condition d’exécuteur nerveux, de roquet, de faire-valoir.
En soi, plus ému de voir d’anciens combattants sexagénaires qui ont été les témoins d’un passé glorieux du cinéma plutôt que le scénario en lui-même.
Si je n’ai pas trouvé le temps long, cela signifie que j’ai été capté par le scénario. Mais hélas, une fois n’est pas coutume, tous ces personnages malfaisants me laissent à distance. Il n’y a pas un personnage profondément sympathique dans le lot.
Si Joe Pesci n’est pas au centre du récit, il est un personnage posé et redoutable dans sa réflexion, comme tout Parrain qui se respecte.
Ce qui est assez rare chez Joe Pesci !
Robert de Niro est plus effacé, un exécutant discret, fidèle et objectif. Il parle peu. Tout aussi redoutable comme tout exécutant à la solde de la mafia !
Quant à Al Pacino il semble être le seul à toujours préserver une énergie nerveuse dans le rôle de Jimmy Hoffa.
A propos de nerveux, les effets de rajeunissement ne sont pas très heureux. Il y a comme une sorte de décalage entre le visage rajeuni et le corps qui ne semble pas suivre. Déplacements et autres gestes ne me paraissent pas crédibles.
Et encore, rajeunissement, il faut le dire vite, j’ai parfois l’impression que nos gangsters ont eu recours au botox !
C’est le gros bémol du film.
« The Irishman » balaient consciencieusement un historique de la mafia U.S pendant plus de trois heures.
Sa dimension nostalgique me paraît évidente et renvoie nécessairement à la filmographie de Martin Scorsese et à certains de ses acteurs.
Une sorte de film testament.
Je n’aime pas trop le terme…
Ce film ne logera pas dans ma dévéthèque malgré l’interprétation impeccable des acteurs, le talent de Martin Scorsese.
Ce n’est pas de mon fait, quand bien même le voudrais-je, les productions Netflix ne proposent pas (ou à de très rares exceptions) d’édition DVD/Blu Ray/4K.
A voir en V.O… si possible.