Il était une fois la mafia
Requiem pour le dernier des mafieux, ce film sonne comme une lettre d'adieu, une conclusion, il est maintenant le temps de la vieillesse, c'est la fin d'une époque, le film n'est pas parfait et cela donne à tout cela encore plus de charme.
Un bel au revoir, malgré quelques défauts, on ne peut qu'être toucher en temps que fan de Scorsese et de De Niro. Le film est traversé d'une mélancolie certaine, une sensation étrange, et cela ne fait que s'accentuer durant les trente dernières minutes, qui m'ont profondément ému. Ce film m'a ramené à une dure réalité, même si je fantasme De Niro dans la fleur de l'âge, en gangster puissant, la vérité c'est que tous ces gens que j'admire, ils vont bientôt disparaître, et ça, c'est vraiment étrange à encaisser. Un rappel à la réalité, c'est sans doute la dernière fois que je vois tout ces gens géniaux réunis, il n'y aura pas de fois de plus. C'est pour ça que même si, et c'est sûr et certain, Martin Scorsese fait des films ensuite, ce film aura toujours une sorte d'aura différente.
Mais trêve de tristesse, The Irishman est un film génial, d'une richesse folle, et c'est incroyable de voir qu'un vieux cinéaste arrive toujours à explorer d'un œil nouveau ce qu'il à déjà étudier de nombreuses fois. On est dans un film totalement différent des Affranchis par exemple, qui déborde de vitalité, celui ci est plus froid et lugubre, la mort est toujours froide, De Niro tue, mais jamais avec une flamboyance qui fera sourire, c'est ça qui lui donne l'air d'un bilan pour Scorsese, il est maintenant temps d'assumer toutes ses morts, et d'arrêter les conneries.
Scorsese renouvelle sa mise en scène selon de nombreux aspects, on a plus de ralentis que dans n'importe lequel de ces films, de nombreux plans en travelling très rapide partant de haut et fonçant vers un personnage situé plus bas (déjà vu chez Scorsese mais plus utilisé que jamais dans celui là, encore une fois c'est fait pour ramener les personnages à ce qu'ils sont, des humains), les dates de mort qui s'affiche quand on nous présente un personnage, annonçant encore une fois la couleur du film, ces gens ont exister, et ils sont morts.
On trouve quelque chose que je n'ai jamais senti chez Scorsese, c'est la tension qu'une balle puisse partir à tout moment, par exemple, quand Al Pacino fait un discours et que De Niro observe la foule en silence, la tension est légère mais bien présente, et c'est super.
Ou encore, on retrouve ces moments de tension qu'on trouvais parfois, des scènes semblables à celle entre Joe Pesci et Ray Liotta dans le bar dans Les Affranchis, où une tension s'installe, sauf qu'ici cela se termine souvent moins bien que dans Les Affranchis.
La mort d'Al Pacino fait d'ailleurs beaucoup penser à celle de Joe Pesci dans Les Affranchis, et on retrouve quand même pas mal d'idées communes entre les deux films, mais modifier dans The Irishman, par exemple les rôles sont mélangés. Là où Joe Pesci joue dans Les Affranchis et Casino le bras droit, c'est De Niro qui hérite de ce rôle, et Pesci devient le chef. Cela peut sembler peut mais ça change beaucoup de choses, et ça joue avec nos attentes de fans, en nous prenant à revers.
Je n'ai pas suffisamment parler des acteurs, De Niro, Pacino et Pesci sont absolument incroyables, Harvey Keitel n'apparaît que peu, malheureusement, mais reste que ce trio est démentiel. Cela rend frustrant qu'il n'y ai (il me semble) aucune scène où les trois sont réunis et discutent, le fantasme ultime. La photo où l'on voyait Martin, Bob, Al et Joe assis ensemble autour d'une table m'avait déjà bien fait fantasmer avant de voir le film, je l'avoue.
J'ai adoré certains seconds rôles, particulièrement "Le Petit" et Crazy Joe, ce dernier qui offre l'une des meilleures scène du film au passage, celle de sa mort, filmer très froidement, mais avec une virtuosité admirable. "Le Petit" est vraiment très bon, ses scènes avec Al Pacino sont toutes géniales, tendues de bout en bout.
Je vais maintenant dire quelques défauts qui m'ont dérangé, déjà le plus important et c'est triste, mais le rajeunissement de De Niro est complètement foiré. J'ai vérifié l'âge qu'est censé avoir De Niro à ce moment, et c'est hallucinant comme ils ont raté ça. Les unités de temps sont aussi assez bizarres dans le film, on ne sait jamais combien s'écoule entre chaque parties de la vie de De Niro, c'est vraiment dommage. Vu son passé, et le nombre de films se déroulant sur de très longues périodes qu'il a fait, c'est dommage qu'il ait raté ce qu'il n'avait, à ma connaissance, jamais raté.
Cela me fait malheureusement un peu sortir du film, dommage.
Bref, je pense que j'ai suffisamment dis sur ce grand film crépusculaire, qui j'en suis sûr, marquera la carrière de Scorsese, autant que ses classiques actuellement reconnus. C'est fini, mais la porte est encore ouverte, ce n'est donc pas totalement fini.
Il était une fois un Irlandais...