Quand un jeu vidéo connait le succès à sa sortie, il n’est pas rare que celui-ci donne naissance à divers produits dérivés. Le dernier exemple en date étant Assassin’s Creed, qui a vu naître une série de quelques livres. Bien entendu, le cinéma est l’un des premiers milieux culturels à vouloir surfer sur le succès d’un bon titre (et des exemples, nous pouvons vous en donner à la pelle !). Parfois, il arrive même que de « petits longs-métrages » (entendre par là qu’ils ne sortent pas au cinéma mais presque dans l’indifférence la plus totale, ayant le seul but de combler les fans du jeu, rien de plus) voient le jour. Un effet marketing qui s’est appliqué à Dead Space, véritable objet vidéoludique qui a fait frissonner bon nombre de joueurs. Et qui a été complété avec ce film d’animation, sous-titré Downfall.
Que s’est-il passé à bord du vaisseau USG Ishimura ? Comment les nécromorphes, ces immondes créatures assoiffées de sang, ont-elles pu décimer tout l’équipage ? Dead Space : Downfall répond à cette question, ce présentant à nous comme étant le prequel du jeu vidéo. Dans lequel une colonie, établie sur une planète éloignée appelée Aegis VII, découvre un étrange monolithe, qui va inexplicablement provoquer une vague de suicides. Amenant ainsi les colons à demander de l’aide à l’Ishimura, afin que celui-ci transporte la relique loin d’eux. Jusqu’à ce que les mêmes événements se produisent sur le vaisseau même, amenant à une mystérieuse infection qui ressuscite les morts et les transforme en monstres sanguinaires. De quoi donner du pain sur la planche à Alissa Vincent (Nika Futterman), chef de la sécurité de l’Ishimura.
Le principe d’un prequel est de faire des révélations. En effet, vous prenez une histoire culte à laquelle il manque certains détails dont vous aimeriez avoir une explication ou deux. Le prequel doit donc apporter quelque chose à cette histoire. Et même s’il peut se montrer dispensable, il donne quelques informations supplémentaires qui peuvent combler les fans. Avec Dead Space : Downfall, vous pourrez voir qu’un prequel qui n’arrive pas à atteindre ce but n’est qu’un prequel simplement loupé ! Vous pensiez en découvrir plus avec ce film d’animation ? Passez votre chemin, vous serez grandement déçu ! Et pour cause, Downfall ne fait que reprendre les quelques trames passées du jeu (que l’on découvrait via des enregistrements audio à trouver, des cinématiques et des personnages qui dévoilaient ce qui s’était passé sur le vaisseau…), sans donner le moindre supplément scénaristique. Ne faisant juste que reconstituer visuellement ce que nous avions déjà en tête en jouant. Plus commercial, tu meurs !
Et si ce n’était que ça… mais même le scénario en lui-même, qu’il apporte ou non quelque chose au produit de base, se montre très mal fichu, mal écrit ! Rien que le début, démarrant par la découverte du monolithe jusqu’à l’infection à bord de l’Ishimura, est aussi brouillon que le premier jet d’un script. Tout est narré rapidement (pour ne pas dire n’importe comment), à tel point que l’on se sent perdu, c’est pour dire ! Le monolithe est découvert, l’Ishimura se rend vers la colonie mais on ne sait pas pourquoi, en attendant cette dernière a connu bon nombres de suicides, le monolithe est à bord du vaisseau sans explication, les colons ont tous été décimés d’un seul coup… En clair, le début du film use d’ellipses à outrance pour faire passer le temps plus rapidement. Mais en arriver là devient indigeste : en quelques secondes, on veut nous faire croire que plusieurs mois ce sont passés sans nous prévenir (même pas par une phrase indiquant « quelques mois plus tard »).
Au final, Downfall se présente comme un simple survivor, rien de plus. Une sorte de film d’horreur à la Resident Evil où nous suivons un groupe de personnes, armées comme il faut, qui doivent survivre dans un milieu hostile où sévissent de drôles de bestioles. Et en 1h13, pas le temps de dresser le portrait de chacun des personnages (déjà que c’est peu fréquent dans ce genre d’histoire), qui ne présenter aucun intérêt hormis de servir de chair à pâté aux scènes d’action (n’ayant aucun attachement pour eux). Dès l’infection démarrée, on suit l’ensemble sans réfléchir, parvenant tout de même à nous faire passer le temps. Et ce malgré des invraisemblances à s’en arracher les cheveux. Comme une séquence où nos héros viennent en aide à des civils coincés dans une salle et qui les font sortir… avant que ceux-ci disparaissent de l’histoire sans raison (ils sortent de la salle et puis… plus rien à leur sujet !).
Après, il faut reconnaître que ce film d’animation reste assez fidèle au produit originel. Notamment en ce qui concerne le bestiaire des nécromorphes (même si les différentes espèces nous sont balancées à l’écran sans imagination), les décors de l’Ishimura, les costumes, les accessoires, les bruitages ou encore le côté gore propre au jeu. Malheureusement, tout est gâché par le parti pris d’avoir fait ce film en animation. Et, qui plus est, avec le visuel d’une vieille série animée digne des années 80-90 comme Denver le dernier dinosaure, ou encore Men in Black. Donnant un aspect gamin à l’ensemble. Ne respectant jamais les proportions (un personnage n’ayant jamais la même taille selon les plans). Faisant perdre toute l’ambiance horrifique et angoissante du jeu (la musique semble inexistante dans ce film). N’arrivant jamais à retranscrire le dégoût que nous éprouvions lors de chaque effet gore. Un film live aurait sans doute été mieux pour le bien-être de ce long-métrage !
Procédé marketing qui a eu autant d’impact qu’un coup d’épée dans l’eau, Dead Space : Downfall fait honte au jeu ! Comme la majorité des longs-métrages adaptés du domaine vidéoludique. Et même s’il était prédestiné à être de mauvaise qualité, rien ne l’empêchait d’offrir des réponses aux fans du jeu. Ce qu’il ne fait nullement, à leur plus grande déception ! Même les deux Resident Evil en animation (Degeneration et Damnation) était de bien meilleure qualité, allant jusqu’à surpasser les films avec Milla Jovovich. Ces derniers prouvant que Dead Space : Downfall aurait pu être bien plus que ce ratage intégral.