L'histoire d'un licenciement boursier, plus ou moins bien vécu par chacun.
Tout est parfait, dans le sens hollywoodien du moins. C'est bien joué, c'est plausible quant aux situations et très documenté, c'est crescendo, et il y a une fin, car à un moment, on ne sait pas trop quand ils comptent finir le film qui tourne tranquillement en roue libre. Après tout, c'est aussi une qualité de l'opus, dans la vraie vie, la descente aux enfers prend son temps, les situations violentes sont rares ramenées statistiquement aux nombres de citoyens.
La musique est très bonne, le couple Affleck est bien proportionné, et le tout est correctement filmé. Si on excepte l'histoire entre Lee Jones et sa pouliche, ce serait parfait.
Enfin non, justement.
Le propos vilains patrons en bourse contre pauvres ou riches travailleurs qui cherchent à donner un sens à la réussite made in USA est carrément à côté de la plaque. Ce n'est pas la bourse qui fait la merde sans éthique ni déontologie dont est fait le quotidien mondial. C'est la soif de plus en plus cruelle de produits de consommation pléthorique face à une absence totale d'idéal qui fait que l'homme se fera toujours le maximum de blé sans rien foutre... si possible. Je parle d'un idéal laïque, celui des religions, on s'en fout elles ont montrées leurs limites pour ce qui est du modèle de société.
Les vieux arguments de philosophie niveau seconde qui considèrent qu'un patron n'a pas le droit de gagner 700 fois le salaire de son ouvrier sont dépassés par le pouvoir et la concentration de l'argent. Le problème est le même avec le show business, pourquoi Boon se met 12 millions d'euro dans la poche en un an avec un seul film filmé avec 3 Euros ? Simplement parce que vous êtes 24 millions à être allés voir sa daube.
Un patron du CAC40 d'aujourd'hui, avec tout ce que vous pondez comme marmaille, a tellement de clientèle (qu'il ne laisse pas à la concurrence) qu'il concentre tout le fric d'activités qui demandent de moins en moins de main d’œuvre. Tout simplement. Tout le monde est complice et peu importe les victimes collatérales. Personne n'est obligé de boire du Coca Cola ni de porter des Nike, et pourtant des milliards de blaireaux le font, avec tous les problèmes écologiques, de santé, d'éthique de mondialisation que cela pose.
La seule solution face à l'explosion sous nos yeux d'une civilisation digne de ce nom, c'est de tout arrêter, de réfléchir un moment, et de trouver un truc génial qui enlève l'avarice, l'envie et la frustration de tous ces ploucs de milliardaires qui en veulent toujours plus. Ou au moins qu'ils nous donnent le flingue pour en terminer plus vite. On va pas l'acheter en plus ?
C'est pour ça que le final un peu idiot mais si américain à la républicaine fait gentiment sourire.
Comme si un film sur la mort était sauvé par une naissance in extremis avant le générique de fin. Il mourra aussi quand le film sera oublié, ce nouveau venu perdu dans l'infini de l'existence.
L'occident a créé un modèle de société qui nous a libéré, mais en se libérant de l'obscurantisme castrateur des religions, on s'est servi de la science pour créer des distractions qui nous détournent de la peur du sens, alors que chacun pourrait la trouver pour lui même. Loin du bling bling. Loin de la concentration du pouvoir dans les mains de ceux qui nous licencient.
Finalement, avec ce côté un peu détaché de l'histoire ordinaire de tous ces loosers malgré eux, on arrive à réfléchir, et c'est le signe que le film est honnête dans son genre attardé et qu'on peut s'en servir comme d'une icône !
PS : si vous êtes chômeur depuis peu, évitez.