Taxandria est un film magnifique, un chef d’œuvre. D’une originalité sans borne, il développe un univers de toute beauté avec une technique totalement différente de celles que l’on à l’habitude de voir. J’ai personnellement énormément apprécié cette esthétique, et si elle pourra déplaire à certains (comme tout ce qui sort de l’ordinaire), il convient de souligner l’audace du réalisateur. Les images terrassantes de puissance, de poésie, sont de surcroit portées par une musique exceptionnelle, qui m’a scotché. Elle donne envie de mettre le volume à fond ! D’un point de vue formel le film est donc totalement irréprochable, car non seulement d’une qualité rare, il est surtout d’une singularité exceptionnelle. Le choix technique fait d’ailleurs que, malgré son âge (1994 tout de même), Taxandria n’a pas du tout vieilli. Au-delà de cela, il est doté d’acteurs très convaincants. Tous sont magnifiquement investis dans leurs rôles (mention spéciale au maitre de Taxandria et à Katja Studt, adorablement mignonne) et donne du relief à des personnages qui auraient pu paraître bien fades à coté de l’esthétique visuelle. Au contraire, malgré la force des images, le casting s’en tire très bien. Coté scénario Taxandria ne se distingue pas de beaucoup de contes au niveau de son postulat de départ, mais son histoire ensuite, telle qu’elle est développée mélange tant de références, tant de sources d’inspirations, qu’elle en devient totalement unique.
Au final Taxandria fait partie de ces films qui font avancer les choses, de ces expériences qui vont nourrir ensuite le cinéma. La force du métrage de Servais est, tout en étant expérimental, d’être abouti au plus haut point. Il n’y a rien à jeter, de l’histoire aux acteurs, des images à la musique, même le rythme (plutôt lent) passe à merveille. Allant de trouvaille en trouvaille, d’idée novatrice en idée novatrice, d’inspiration en inspiration, Taxandria est d’une liberté totale, et donne le sentiment d’un film éthéré, complètement libéré des contraintes et confinant ainsi au rêve. Un bijou rarement diffusé malheureusement (j’ai eu cette chance sur ciné fx), mais qui doit être mieux connu tant il est brillant. Un chef d’œuvre comme on en voit peu, à ranger dans les monuments d’inventivité.