Joanna et Michael s’aiment. Nul doute là-dessus. Elle est parfois jalouse, mais sait au fond d’elle qu’il ne la trahira pas. Et pourtant, la tentation s’immisce durant un voyage d’affaires où Michael se trouve en face à face avec sa collègue qui l’attire. Pendant ce temps, Joanna retrouve un amour de jeunesse. Qu’est-ce qui pousse deux personnes qui s’aiment à se tromper ? Le film repose sur des hasards un peu gros : forcément, c’est avec sa collègue sexy qui rêve de lui que Michael est envoyé en voyage d’affaires, forcément c’est le jour où Michael part qu’Alex refait son apparition... Comme si cela ne suffisait pas, les personnages ne bénéficient pas d’un traitement équitable, malgré la qualité du casting réuni. Le personnage de Keira Knightley est impeccable. Joanna dispose d’une éthique et d’une personnalité assez poussées. L’actrice n’a pas besoin de fournir beaucoup d’efforts pour rendre son personnage humain. Son mari, Michael, est lui moins travaillé. Il sera difficile de comprendre ce qui le pousse à agir ou à l’inverse à rester passif. Sam Worthington n’est pas mauvais, mais se trouve incapable de donner substance à un personnage fade. Pourtant, les Reed reposent sur une bonne alchimie. Le duo d’acteurs fonctionne, le couple est naturel dans ses choix et dans ses échanges plus ou moins aimants. Quel dommage que Massy Tadjedin n’ait pas accentué davantage sur le bonheur du couple avant la soirée où Joanna rencontre Laura ! Cela aurait permis au spectateur de plus s’attacher à ces héros new-yorkais, et ainsi de ressentir plus d’empathie face aux épreuves traversées. Si Joanna est un personnage intéressant, mais qu’on ne peut pas en dire autant de son mari, que penser des briseurs de ménages ? Ceux-ci sont également effacés. Guillaume Canet n’est pas un choix évident au premier abord pour jouer dans un drame romantique américain tant d’années après « La plage ». C’est inattendu mais loin d’être sans saveur de l’observer convoiter la magnifique Keira Knightley. Bon. Si seulement son rôle (dans la première demi-heure du moins) lui avait demandé autre chose que de faire un grand sourire idiot à chaque seconde !!! Heureusement avec le drame qui fait irruption dans l’intrigue, l’acteur peut davantage exprimer son talent sur la fin du film. Quant au personnage d’Eva Mendes, je trouve que son personnage n’est qu’une vulgaire allumeuse sans aucune psychologie derrière. Comment une actrice peut-elle être motivée par un tel rôle ? Laura n’est nullement intéressante et dépasse rarement le stade de chaudasse en manque. De plus, « Last Night » est une œuvre bavarde, qui cherche à s’attarder sur les sentiments de ses héros, chose qu’il réussit finalement plutôt mal. De ce fait,
le moment de l’adultère, la conclusion de la nuit
, arrive assez tardivement. Ce n’est pas un mal. Cela permet au spectateur d’imaginer toutes sortes de conclusions possibles. D’ailleurs, il est possible que l’issue ne soit pas telle que vous l’aviez imaginée... Il n’empêche que les
conclusions des nuits du jeune couple sont éludées
. Et la pilule passe difficilement. « Last Night » se termine en n’étant pas terminé.
A quoi bon montrer les nuits, tenter de donner des raisons justifiant l’adultère si on évite de répondre à la fameuse question : "et après ?" ? Je ne demande pas grand-chose. Juste une petite dizaine de minutes pour laisser à Joanna le temps de dire ces mots qui étaient sur le bout de ses lèvres.
Du coup, « Last Night » laisse un arrière-goût d’inachevé. Que ce soit au niveau de ses personnages ou de sa conclusion, le film aurait gagné à être plus travaillé afin que la qualité soit présente de manière égale. Un troisième film bancal pour la réalisatrice et scénariste iranienne.