Avec un pitch sympa augurant un film de S-F de plus sur la liste des films corrects de ces dernières années, Looper ne m'a pas paru comme étant le film à voir avec la présentation qui en a été faites. Jugez donc. Synopsis : Joe est un looper. En 2074, la mafia utilise les voyages dans le temps pour faire disparaître leurs victimes. Des tueurs engagés par elle les attendent 30 ans dans le passé: ce sont les loopers. Puis, lorsque la mafia décide de se débarasser d'un looper, elle l'envoi dans le passé pour qu'il se tue lui-même. C'est ce qu'on appelle boucler sa boucle, le looper est à la retraite, ramasse une quantité folle d'argent et sait qu'il a 30 ans devant lui. Mais parfois, il arrive qu'un looper se manque lui-même... les deux "lui" sont alors pourchassés pour que les choses rentrent dans l'ordre.
Synopsis sympa, bonne idée. Ca augure de l'action et des rebondissements scénaristiques intéressant. Seulement, quand Looper aurait put choisir de suivre les augures, il décide finalement d'y foutre un gros coup de poing pour devenir une véritable référence de la S-F, se comparant plus facilement aux films "La planète des singes" des années 60 qu'à un Total Recall. Les personnages évitent tous les stéréotypes inhérents au genre, les thèmes abordés sont multiples : la télékinésie qui est une mutation affectant 10% des gens, l'amour, la retraite, la mafia et les voyages temporels capables d'affecter le cours des choses, la mémoire. Là où Matrix se perdait parfois dans une bouillie moyennement claire, Looper sait de quoi il parle et maitrise son sujet jusqu'au bout, ne perdant jamais le spectateur. L'intrigue est expliqué clairement et se gonfle au fil des minutes qui passent, les personnages se multiplient, laissant augurer un grand nombre de dénouements possibles. Pourtant, c'est au moyen d'une narration fluide et dense (surtout durant la 1ère heure) que le film transporte le spectateur.
Evitant les pièges tels que poursuite-fusillade-fuite-poursuite etc, Looper distille les éléments scénaristiques dans une mise en scène soignée et pourtant sans fioriture : le côté S-F vient uniquement de sa période (2044) et de sa thématique. Visuellement, le film ne fait pas dans la surenchère. On ne cherche pas à mettre en avant les vaisseaux ou la super technologie, on rentre dans le cadre de vie réaliste des gens d'une époque. Tandis que la bande-son, pas marquante pour un sous, rythme avec succès un film qui se veut plus intellectuel qu'épique. J'en veut pour preuve l'efficacité des dialogues, la brièveté et l'intelligence des scènes d'actions.
On est donc emporté dans ce conte d'anticipation étonnant sur plus d'un point et lorsque l'on voit la densité de la trame, on comprends bien vite que les 1h55 du film, loin d'être anodines, témoignent de sa richesse et de son caractère. Cocktail détonant d'éléments efficaces, Looper marquera son temps en créant un univers qui aura servit le temps d'un film que l'on peut considérer comme étant déjà un classique de la S-F, au même titre qu'un Blade Runner, un Matrix ou un Brazil. Un grand bravo.
17/20