Manhunt parle donc comme son titre l’indique de chasse à l’homme. C’est un film dans le registre assez efficace.
Il repose beaucoup sur ses acteurs, qui livrent tous de très honnêtes prestations. Henriette Bruusgaard tire son épingle du jeu en héritant du rôle avec le plus de relief, et se débrouille bien, imposant en effet une belle présence malgré un physique assez quelconque. On regrettera cependant des méchants pas forcément des plus travaillés, qui s’avère passe-partout, et, en dépit d’une scène peut-être sans grand relief. A noter que sur le début quelques personnages apparaissent peu crédibles, heureusement ces derniers évoluent positivement au fur et à mesure du métrage.
Le scénario est classique, mais fait des choix bien vus. Parmi eux l’idée de rester sur de l’authentique, du réaliste pur et dur, sans surenchère et sans fioriture, ce qui lui donne une belle consistance. Pas d’humour non plus ou de second degré, et je rejoins une critique précédente qui comparait ce film avec Eden Lake. En effet les deux films sont proches, toutefois Eden Lake est tout de même clairement plus incisif. Manhunt ne développe en effet ni ses personnages ni son intrigue du fait d’une courte durée, le glissement n’est pas progressif et finalement le métrage finit assez vite par manquer réellement de consistance, accumulant les scènes de meurtre et les courses poursuites en forêt sans parvenir à sortir du lot. Le suspens n’est pas non plus très prenant, mais il reste de bonnes scènes de tension.
Visuellement je dirai que le gros ratage vient de la photographie. Souvent trop sombre, elle a aussi une fâcheuse tendance à virer au tout gris, problème très perceptible dans les films d’horreur récents. Cela donne une ambiance inquiétante mais finalement très basique, là où il aurait peut-être était plus judicieux de rendre justice à cet « enfer vert » représenté par la forêt, très bon lieu pour un film d’horreur. Il manque toutefois de ce coté là peut-être un coté encore plus inquiétant, avec des arbres tortueux, un coté oppressant, et je pense que ca vient d’une mise en scène qui, favorisant les gros plans, allant au contact de ces personnages (ce qui n’a rien de critiquable), peine toutefois parallèlement à exploiter au mieux les décors. Pour le reste je ne dirai pas que Manhunt déborde d’effets horrifiques. Il y en a certes, mais dans le registre il y a bien plus vif (Dying Breed, Inbred) et la meilleure séquence de ce point de vue reste la séquence du premier meurtre. Toutefois les effets sont réussis, malgré un abus trop marqué du sang noir (mais cela vient surement de la photographie). La bande son est en revanche soignée et réussie, offrant une entrée en matière douce et légèrement mélancolique dans un style qui m’a beaucoup rappelé Cannibal Holocaust.
En clair, les amateurs de films d’horreur peuvent considérer ce métrage comme une valeur sure, mais pas comme un film mémorable. Il se regarde sans déplaisir, et il peut sans nul doute servir positivement une soirée « horreur ». Il échappe au produit calibré, c’est une bonne chose, mais il n’apparait pas suffisamment maitrisé et original pour s’imposer dans une dvdthèque. Je lui accorde 3, et en le mettant en regard avec Eden Lake, c’est là où l’on voit toute la différence entre un grand film et un film correct.