Un film israélien? On est intéressés par un cinéma qui n'est jamais gratuit, mais qui nous donne à voir la réalité d'un pays qu'on ne peut ressentir d'une façon neutre. Nous voilà dans une version remastérisée des Horaces et des Curiaces: deux familles qui se connaissent depuis longtemps, travaillent ensemble, s'estiment -mais dans ce garage les juifs sont les patrons et les palestiniens les employés. Mali (Dana Ivgy) est enceinte de Toufik (Mahmud Shalaby) qu'elle connait depuis l'enfance, et ils n'ont aucun avenir en Israël: leur seul avenir, c'est de s'enfuir pour aller se marier à l'étranger. Sauf que le frère de Mali, Meir, (Roy Assaf) est un sale con, que les deux garçons se battent et que Mali tue involontairement Meir. Finie, l'histoire d'amour. Pour les parents, le père (Moni Moshonov), bonasse, et la mère, espèce de chipie passablement hystérique qui passe son temps à traîner en chemise de nuit [peut-on imaginer la belle Ronit Elkabetz en grand mère!!!!], ce fils dont la brutalité et la fainéantise assombrissaient la vie, une fois mort, devient l'innocente victime des sales arabes. Mali décide de garder le bébé en taisant l'identité du père. Pourtant, comme ils se ressemblent, ce palestinien aux yeux clairs et cette juive très typée orientale. Comment imaginer qu'ils ne fassent pas partie du même peuple! Dernière scène : Mali s'est décidée à parler à ses parents, à faire connaître à sa fille ce père sorti de prison, et on voit bien que même cette jolie petite fille ne fait pas, ne fera pas, ne peut faire le pont entre deux groupes inconciliables, d’autant qu'entre eux, il y a un mort. Et c'est bien là que ça pèche: le mélo tue le film. La même histoire, sans ce cadavre encombrant, aurait été bien plus informative. On n'est plus les spectateurs de Shakespeare ou de Corneille: on n'a pas besoin de macchabée.... si on ajoute à cela que la réalisatrice, Karen Yedaya filme d'une façon si plate, si primaire.... c'est un peu un coup pour rien. Dommage!